«Si Mes Aïeux avaient dû écrire leur chanson Dégénérations à propos de la cuisine, ils auraient commencé par l'arrière-grand-mère dans la basse-cour qui avait le contrôle de tous les ingrédients, puis ils auraient terminé ça aujourd'hui dans la section du prêt-à-manger du supermarché.»

Le sociologue de l'alimentation Carl Witchel s'intéresse à la transmission de l'héritage culinaire au Québec. Il aime bien remonter la ligne du temps pour voir où la brisure s'est produite.

Comment se fait-il que les ventes de livres de recettes et les cotes d'écoute d'émissions de cuisine battent des records, alors que l'on cuisine moins que jamais? M. Witchel, qui anime depuis 13 ans l'émission L'omnivore, sur les ondes de CIBL, présente une conférence sur le sujet lundi soir, dans le cadre de Conférences et pâté chinois, une série de rencontres présentée par le jeune certificat en gestion et pratiques socioculturelles de la gastronomie de l'UQAM, qui s'intéresse aux origines et à l'avenir de l'agroalimentaire.

Selon M. Witchel, l'efficace marketing de l'industrie alimentaire a complètement modifié, et même perverti, notre façon de faire notre épicerie. «On achète nos aliments avec nos oreilles et nos yeux plutôt qu'avec notre nez et notre goût», déplore Carl Witchel, qui est quand même optimiste (un peu).

Aujourd'hui, une partie des consommateurs commence à se demander d'où vient la nourriture et décide de prendre les choses en mains dans la cuisine. C'est plutôt rassurant.