Muffins sans gluten, fromage sans lactose, barre sans arachides, gâteau sans noix et pouding ne contenant aucun de ces ingrédients. Tout cela en version appétissante, sur les tablettes d'un supermarché grande surface. Qui l'eût cru, il y a 10 ans à peine?

Certainement pas les parents d'élèves allergiques qui cuisinaient méticuleusement tout ce qui entrait dans la boîte à lunch de leurs rejetons. Pour eux, le développement de ce créneau de produits de spécialité dédiés aux allergies alimentaires est un peu de répit dans une cuisine déjà hyperoccupée.

 

Entre 5% et 8% des enfants de la province ont au moins une allergie alimentaire. Souvent plus d'une.La majorité des écoles primaires ont banni les arachides des boîtes à lunch.

Certaines directions interdisent même un ingrédient répandu dès qu'un enfant de la classe y est allergique. Ce qui complique beaucoup les lunchs de tous les élèves, allergiques ou non!

Heureusement, pour les parents qui doivent préparer les repas avec en main une liste d'interdits, la multiplication des allergies a aussi inspiré plusieurs collations sans gluten, sans lactose ou sans soya. Des épiceries spécialisées comme Tau, Rachelle-Béry ou Avril proposent plusieurs gammes de produits sans allergènes. On y retrouve bien plus que la collation sans arachides. Cela va du chic pouding au riz français, bio et équitable, à saveur de caramel, fait avec du lait de coco, un produit 100% végétalien sans lactose ni soya, jusqu'aux créations locales de la Maison Cannelle ou des aliments Ange-Gardien. Cette jeune entreprise d'ici a mis au point des produits excluant les quatre allergènes les plus fréquents: les arachides, les noix, les produits laitiers et les oeufs. Ils sont maintenant sur la liste des épiceries des chaînes Sobeys, donc IGA, et Metro. La tentation aux pommes des rôtisseries St-Hubert est aussi signée Ange-Gardien. «Je voulais que mon fils puisse manger cochon, qu'il puisse développer ses goûts», explique Julie Larochelle, présidente des aliments Ange-Gardien et auteure du livre Peut contenir des traces de bonheur.

Pour les élèves qui mangent avec les copains à l'école, avoir une barre de collation comme les autres, c'est aussi s'éviter quelques commentaires assassins. Dans le contexte scolaire, le contenu de la boîte à lunch a une importance insoupçonnée. «Manger est un phénomène social», note Julie Larochelle, comédienne de profession. Il y a quelques années à peine, elle n'aurait pas cru être un jour à la tête d'une PME d'agroalimentaire. Le marché est en pleine expansion et les épiceries n'hésitent plus à présenter des produits sans allergènes sur leurs tablettes.

«C'est une bénédiction que ce marché-là se développe!» dit Marie-Josée Bettez, auteure du livre Déjouer les allergies alimentaires et maman d'un finissant du primaire, allergique à 25 aliments.. Au Québec, l'Association québécoise des allergies alimentaires a conçu le programme CAC. Les produits qui affichent le logo sont exempts de l'allergène mentionné. L'année dernière, le nombre de produits certifiés a bondi de 36%. La lancée devrait se poursuivre.

Reste tous les autres produits qui prétendent être sans ceci ou sans cela. Les entreprises sont généralement très sérieuses, mais Marie-Josée Bettez s'assure toujours de la fiabilité d'un nouveau produit en communiquant avec le responsable du contrôle de la qualité, plutôt que de contacter le service à la clientèle.

«Ce que je souhaite maintenant, c'est qu'on ait un vrai débat sur les allergies alimentaires à l'école, souligne Julie Larochelle. Pour qu'on ne mette plus un pansement sur le bobo, mais qu'on explique bien ce que sont les allergies.»