Faut-il être beau et respirer la santé pour réussir comme chef cuisinier? Comment ont-ils acquis ce statut de vedette? Nous leur avons posé la question.

Ricardo Larrivée

Animateur à Radio-Canada et auteur

«Avant, on disait: never trust a skinny chef, mais ce n'est plus vrai. Les gens ont le goût d'être en santé, ont envie de sentir que ce qu'on offre ne va pas leur créer des problèmes. Les chefs, hommes ou femmes, nous sommes des produits vendus par une chaîne de télé, un journal, un magazine. La personne qui regarde une émission, elle ne va pas nécessairement cuisiner. Elle peut regarder pour se détendre. On reste donc un produit de divertissement. Alors il faut que ce soit plaisant et agréable. Ce sont les médias qui ont fait de nous des vedettes, avec tous les différents réseaux.»

 

Alexandre Gosselin

Ex-chef cuisinier du Local, désormais chef et copropriétaire du Bar et Boeuf (B&B) (anciennement le Wilson)«Non, je ne pense pas qu'il faille être beau. Cela dépend de ce qu'on veut faire dans la vie. Si on veut faire de la bonne cuisine? Non. Si on veut faire de l'argent? Oui. Si on veut faire de la télé, écrire des livres, il faut être charismatique, avoir une prestance. Mais il y a des chefs comme moi qui haïssent la salle pour mourir. La pire chose qu'on puisse me faire, c'est de me dire qu'une table veut me voir pour me féliciter. Je fige.» et qui le suivent.»

 

Chuck Hughes

Chef du Garde-Manger et animateur à Food Network«Beau, ça n'a pas rapport, mais en santé, oui. Veut, veut pas, tu transmets un peu ton mode de vie. Si t'es heureux, en santé, ça paraît dans ta bouffe. Pourquoi il y a des vedettes, je ne sais pas. C'est évident que les Québécois sont intéressés par ce qu'ils mangent. Mais quand je travaillais à neuf dollars de l'heure, je te dirais que je ne trouvais pas ça plus cool que ça. Là, je cuisine, j'ai une émission, j'adore ça. Mais il ne faut jamais oublier qu'à neuf heures ce matin, je lavais une friteuse. C'est sûr que tout ça a pris de l'ampleur, mais à la base, l'élément primaire, c'est la bouffe. Le piédestal me fait capoter un peu.»

Stefano Faita

Auteur

«Je ne pense pas qu'il faille être beau, mais c'est sûr que ça aide. Quant à moi, au Québec, on doit tout à une personne à la télé: Daniel Pinard. C'est lui qui a lancé l'intérêt pour la gastronomie, c'est avec lui qu'a commencé l'engouement pour la cuisine.»

Martin Juneau

Chef de La Montée

«C'est sûr qu'il faut avoir une bonne forme physique pour survivre à ces horaires-là. Le travail, le stress, ça fait vieillir prématurément. Oui, il y a un certain star-système lié aux chefs. Depuis Bocuse, les chefs sont médiatisés. Aux États-Unis, on en a fait des stars. Et au Québec, on est en train de rattraper le temps perdu.»

Marie-Fleur Saint-Pierre

Chef du Tapeo Bar à tapas

«Non, il n'y a aucun a priori favorable au physique. Le seul point qu'on a tous en commun, c'est qu'on est jeunes. Le cours de cuisine n'est pas long, un an et demi, alors on sort de l'école super jeunes. S'il y a des vedettes, c'est parce que la clientèle a acquis une certaine curiosité. Il y a des gens qui s'attachent à un chef

Photo fournie par Radio-Canada

Chuck Hughes