Imaginez un endroit où il est possible d'acheter des fruits et des légumes frais, des plats déjà préparés pour le souper du mardi soir et où l'on peut avoir accès à des comptoirs garnis de pièces de viande et de poissons tout en ayant la possibilité de prendre un verre au bar pendant que l'on fait ses emplettes.

À l'instar d'autres grandes villes du monde, comme New York, Barcelone ou Londres, Montréal aura son marché qui servira à la fois de «supermarché», de restaurant et de boutique gourmande à l'intérieur même des murs de l'hôtel Reine Elizabeth, à partir du 2 novembre. Aucun hôtel en Amérique du Nord n'a jamais tenté pareille expérience. En plus de satisfaire les besoins de ses clients, la direction de l'établissement souhaite que les Montréalais fassent de ce marché une destination gourmande incontournable.

«Le marché devient ni plus ni moins le coeur culinaire de l'hôtel. Ça devient le garde-manger de l'hôtel», a déclaré à La Presse Mario Paladin, directeur du marché Artisans et du café Kréma au cours d'une visite organisée avant l'ouverture de l'endroit.

«On veut amener ce qui se fait de mieux de façon locale, de façon internationale à la clientèle du Grand Montréal.»

Quelques jours avant le jour J, les lieux abritaient depuis peu des frigos remplis et des étals bien garnis. Histoire de séduire le visiteur dès son entrée, celui-ci se fait accueillir en premier lieu par les effluves de la crêperie et le comptoir de confiseries dans lequel on retrouve également des chocolats maison, des gâteaux et des pâtisseries françaises. «Ça, c'est le premier petit coup de coeur en entrant dans le marché», commente M. Paladin.

Produits saisonniers, fleurs, boutique de thé et accessoires de cuisine, voilà la prochaine section qui se retrouve sur notre route, suivie ensuite par la boulangerie, où les recettes de pain ont été élaborées exclusivement pour l'endroit. Répartis sur différentes étagères, on retrouve également du granola et des chutneys préparés sur place et sur lesquels on a accolé fièrement le A majuscule du marché Artisans.

C'est le comptoir de poissons qui attire ensuite l'oeil. Tout au long de l'année, il sera possible de se procurer des poissons frais entiers et des fruits de mer. Les gens pourront même s'installer à l'une des 12 places du comptoir pour déguster des guédilles de homard ou encore des huîtres, le tout accompagné d'un verre de vin blanc.

Les carnivores seront également servis puisque l'on retrouve un comptoir de viandes avec des pièces à détailler, un cabinet de vieillissement et une rôtisserie pour la volaille. Lors du passage de La Presse, des poulets et des choux-fleurs colorés tournaient tranquillement sur la broche.

On a aussi pensé aux gens pressés. Des plats prêts à emporter, des coffrets repas et des boîtes à lunch seront préparés sous la houlette du chef Jean-Philippe Desjardins.

Avant de filer vers la sortie, plusieurs se sentiront sans doute attirés par le comptoir à charcuteries et à fromages ainsi que le bar à vin. «Les gens peuvent s'asseoir tout autour et commander des sandwichs décadents, des planches de charcuteries ou de la fondue», explique M. Paladin.

Voilà que vient le temps de partir et aucune caisse pour faire le paiement des achats n'a été aperçue. Et pour cause, il n'y en a pas.

«Nous, notre mission, ce n'est pas juste de vendre des produits à des clients, c'est de leur offrir une expérience mémorable.»

«On doit les accompagner à travers leur expérience, ajoute-t-il. Les caissiers s'appellent maintenant des "conseillers gourmands". Ils sont sur le plancher. Ils accompagnent. Ils sont sur leur application mobile. Ils ont de petites tablettes et ils vont être capables de faire les transactions sur-le-champ. Il n'y a pas de file d'attente à la sortie.»

Pour élaborer ce nouveau concept, l'équipe du marché Artisans s'est inspirée de ce qui se faisait ailleurs tout en évitant de répéter certaines erreurs. «Il y a des épiceries où on voit la glace fondre dans le comptoir à poissons, illustre Mario Paladin. Il y a des trous dans les comptoirs. Ce n'est pas bien garni et pas bien animé.»

Malgré tous les efforts déployés, le patron du marché ignore toujours s'il gagnera son pari. «Honnêtement, le marché, c'est un grand inconnu. Il n'y a aucun comparable dans le centre-ville de Montréal.»  C'est à suivre...