Près de 13 ans après le suicide du chef charismatique Bernard Loiseau et une polémique autour du guide Michelin, sa veuve Dominique s'est dite «choquée», lundi, par la perte de la troisième étoile que son restaurant à Saulieu arborait depuis 1991.

«Je suis choquée et très déçue de constater que le Guide Michelin a décidé de classer le restaurant du Relais Bernard Loiseau, après 25 ans, dans la catégorie 2 étoiles», a-t-elle écrit dans la matinée dans un courriel diffusé à son entourage.

«C'est d'autant plus regrettable que nous avons eu une excellente fréquentation en 2015 et que les clients nous ont manifesté régulièrement leur grande satisfaction (...) Nous allons tout mettre en oeuvre, toute notre énergie, pour récupérer cette étoile ! C'est notre challenge pour 2016», a ajouté la présidente du groupe.

Mme Loiseau a également confié qu'elle avait été «bouleversée» par la réaction de sa fille cadette, Blanche. «Elle s'est mise à pleurer, en disant : "On a déçu papa+; les enfants ne peuvent pas s'empêcher de faire le lien», a-t-elle raconté"

Sur son compte Twitter, Bérangère Loiseau, sa fille aînée, a pour sa part déploré une décision «incompréhensible». «Mais nous sommes si fiers de notre histoire et de notre maison ! Nous partons à la reconquête ! Plus forts que jamais», écrit-elle.

Selon Dominique Loiseau, les raisons de cette rétrogradation qu'elle a apprise il y a une semaine n'ont «pas clairement» été expliquées par le guide, auquel elle va prochainement demander un rendez-vous. Elle a toutefois appelé à «relativiser», son groupe, constitué de six établissements dont deux à Paris, affichant encore «quatre étoiles» au total en Bourgogne.

«J'ai été assommée, mais maintenant j'ai intégré cela et nous allons tout faire pour retrouver» cette troisième étoile, a-t-elle insisté.

Suicide à 52 ans

Né à Chamalières (Puy-de-Dôme), fils d'un voyageur de commerce en bonneterie, Bernard Loiseau avait hérité de sa mère l'amour de la cuisine. En 1975, après son apprentissage chez Troisgros à Roanne (Loire), ce jeune chef de 24 ans prend les rênes de l'hôtel-restaurant, vieillissant, «La Côte-d'Or» à Saulieu.

Avec talent: une première étoile le récompense deux ans plus tard. Rebaptisé par la suite «Relais Bernard Loiseau», le navire amiral du groupe, classé «Relais et Châteaux», obtient les trois macarons en mars 1991. Bernard Loiseau étendra ensuite son empire en achetant en 1998 le restaurant parisien «Tante Louise» et en faisant entrer son groupe en Bourse sur le second marché.

L'année suivante, il acquiert un second établissement dans la capitale, «Tante Marguerite», puis un troisième l'année d'après, «Tante Jeanne» - cédé en 2005. «Loiseau des Vignes» à Beaune, une étoile également, ouvrira en 2007 et «Loiseau des Ducs» à Dijon en juillet 2013.

Le suicide présumé, dimanche, du chef trois étoiles franco-suisse Benoît Violier, à la veille du palmarès du guide Michelin, fait tristement écho à celui de Bernard Loiseau, le 24 février 2003. Il s'était donné la mort à 52 ans avec son fusil de chasse chez lui à Saulieu.

À l'époque, des rumeurs avaient circulé selon lesquelles la vedette des fourneaux aurait pu perdre sa troisième étoile, comme l'avait annoncé un article dans la presse, et ne l'aurait pas supporté.

Mis en cause, le guide Michelin avait assuré que «quinze jours avant son geste fatal, Bernard Loiseau savait qu'il gardait ses étoiles», une version confirmée par sa veuve. Mais dix ans après sa mort, la polémique avait été relancée par un nouvel article.

Dans un communiqué publié en 2013, Dominique Loiseau avait assuré que les causes du geste de son mari étaient «plurielles», tout en fustigeant «l'article de François Simon publié dans Le Figaro début février 2003, qui prétendait que Bernard +perdrait légitimement sa troisième étoile+».