Vu d'ici, le Sri Lanka, cette île de l'Asie du Sud-Est que se sont successivement disputée l'Empire britannique, le Portugal et diverses factions plus ou moins nationalistes, semble une poudrière. Vrai, le petit pays a été secoué par une longue guerre civile, qui s'est terminée en 2009.

SRI LANKA (République démocratique socialiste du Sri Lanka)

SUPERFICIE : 65 610 km2

POPULATION : 22 millions d'habitants

CAPITALES

Politique : Sri Jayawardenapura

Économique : Colombo

NOMBRE DE PERSONNES D'ORIGINE SRI-LANKAISE AU CANADA : 139 415 (recensement de 2011)

Mais quand Dilini Perera raconte comment se déroulent les Fêtes dans son pays natal, on voit plutôt une courtepointe colorée où musulmans, hindous, bouddhistes et chrétiens vivent en bon voisinage. « Tout le monde célèbre les fêtes de tout le monde, explique-t-elle. Nous invitons les bouddhistes à Noël, les musulmans nous invitent à la fin du ramadan... C'est une occasion de partager ce qu'on a avec les autres, peu importe leur confession. »

« Le matin de Noël, on prépare de grands plats de nourriture pour les voisins plus pauvres. Les bouddhistes font la même chose, mais le 14 avril, qui est leur jour de l'An. Dans la mesure de ses moyens, chacun offre aussi des cadeaux aux enfants pauvres du voisinage, surtout des livres, des cahiers et des fournitures scolaires en prévision de la rentrée, qui se fait en janvier. »

Dilini a quitté son pays natal il y a six ans, quand elle a épousé Ramesh, dont elle a fait la connaissance grâce à l'intervention bienveillante de leurs mamans respectives.

Lui-même né au Sri Lanka, Ramesh n'avait que 9 mois quand ses parents ont émigré en France. Il a ensuite choisi d'aller étudier en Angleterre, et c'est au cours d'un voyage d'études dans son pays d'origine qu'il a, à la demande de sa mère, rendu visite à la famille de Dilini. « Ç'a été le coup de foudre ! », dit-il en regardant avec tendresse la femme de sa vie, maintenant enceinte de leur deuxième petite fille. Elle rit doucement : « Au début, je ne voulais même pas le voir. Mais finalement, je l'ai trouvé drôle, charmant, et... je suis tombée amoureuse ! »

Ils ne sont arrivés à Montréal qu'en juillet 2014, mais déjà ils sont propriétaires d'un joli appartement à Saint-Laurent. Ramesh, qui a une formation de travailleur social, a trouvé un boulot de représentant dans une société de systèmes d'alarme. Dilini, qui est psychologue, devra retourner à l'université pour avoir le droit de pratiquer sa profession.

En attendant, le jeune couple prépare son second Noël au Québec. Le papa de Dilini est là pour l'occasion, et c'est lui qui, avec l'aide de sa fille, a cuisiné les douceurs traditionnelles en prévision de la fête : l'imbul kiribath (onctueux riz au lait fourré de caramel à la noix de coco), les kokis (rondelles de pâte frites une à une, d'une légèreté irréelle), les thalabola (savoureuses boules de sésame au sucre de palme), le dodol (sorte de fondant au lait de coco et aux noix de cajou) et, enfin, le rich cake, aussi appelé love cake parce qu'on le prépare également pour les mariages.

Roi de la table de Noël (et de toutes les fêtes, en fait), cette interprétation asiatique de notre traditionnel gâteau aux fruits va confondre les sceptiques d'entre les sceptiques. À base de semoule, parfumé à l'essence de rose, moelleux et fondant, il n'a en fait rien à voir avec le truc lourd et trop riche que nous connaissons. Comme ce dernier, il peut toutefois se conserver pendant des semaines, voire des mois. Mais, comme dit Ramesh dans un éclat de rire : « Il n'en reste jamais assez pour ça ! »

Gâteau de Noël

INGRÉDIENTS 

• 250 g de raisins noirs secs

• 250 g de raisins dorés secs

• 250 g de fruits confits mélangés

• 250 g de gingembre confit

• 250 g de melon d'hiver confit (puhul dosi en cinghalais)

• 250 g d'écorces d'agrumes mixtes

• 250 g de cerises confites

• 250 g de noix de cajou

• 1 tasse de beurre

• 400 g à 500 g de sucre granulé

• 500 g de semoule de blé

• 1 1/2 c. à thé de zeste de citron râpé

• 1/2 c. à thé de cardamome moulue

• 1/2 c. à thé de noix de muscade râpée

• 3/4 de c. à thé de clou de girofle moulu

• 5 c. à soupe d'extrait de vanille

• 2 c. à soupe d'extrait d'amande

• 2 c. à thé d'essence de rose

• 6 c. à soupe de miel

• 4 c. à thé de cognac

• 6 blancs d'oeuf

• 12 jaunes d'oeuf



PRÉPARATION


1. Couper en petits morceaux les raisins secs, les fruits confits, le gingembre confit et les écorces d'agrumes. Couper les cerises confites en moitiés et couper les noix très finement

2. Combiner les fruits et les noix dans un grand bol, arroser de cognac. Ajouter la cardamome, la muscade, le clou de girofle, l'extrait de vanille, l'essence de rose et le miel et mélanger. Couvrir et mettre de côté. (Cette opération peut être faite une semaine à l'avance pour permettre aux fruits d'absorber plus de cognac.)

3. Battre le beurre et le sucre jusqu'à consistance légère et mousseuse. Ajouter la semoule, puis les jaunes d'oeuf, un à la fois, en battant bien après chaque addition. Ajouter le zeste de citron et mélanger. 

4. Verser la pâte dans un très grand bol et ajouter le mélange de fruits et de noix. À l'aide d'une cuiller de bois ou, mieux encore, avec les mains, remuer pour bien répartir les fruits et les noix dans la pâte.

5. Dans un autre bol, battre les blancs d'oeuf en neige.

6. Incorporer délicatement les blancs d'oeuf dans la pâte. Verser dans un moule à gâteau graissé.

7. Mettre au four à 100 °C (225 °F) de 2 h 30 min à 3 heures. Couvrir de papier d'aluminium après 30 minutes pour éviter que le gâteau ne brunisse trop.

8. Laisser refroidir dans le moule sur une grille pendant 15 ou 20 minutes, puis démouler et laisser le gâteau refroidir complètement, de préférence la nuit.

NOTE

Ce gâteau se conserve pendant un an ou plus dans une boîte hermétique.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

À l’image du gâteau aux fruits québécois, le gâteau de Noël sri-lankais peut se conserver pendant des semaines, voire des mois.