Du «foodie» qui poste chaque jour la photo de son repas sur Twitter à la mère de famille en quête d'une recette de goûter sur Pinterest, l'agroalimentaire surveille de plus en plus près les réseaux sociaux, espérant y gagner des parts de marché.

900 000 tweets par mois rien que sur la catégorie «bonbons», quand un poids lourd comme Coca-Cola en récolte moitié moins. 75% des «foodies» (passionnés de bonne nourriture) utilisateurs des réseaux sociaux. Difficile de passer à côté de ces outils virtuels même quand ce que l'on vend se mange et se boit, selon les études menées par le cabinet de conseil Sopexa, présentées lors d'une conférence lundi au Salon international de l'Alimentation à Villepinte, en France.

Pour l'exportation en particulier, les réseaux sociaux peuvent permettre aux marques de repérer plus facilement la manière dont on consomme leur produit à l'étranger.

«Pour le cognac, qui en France est consommé de manière "traditionnelle" par des gens d'un certain âge, on s'est aperçu qu'aux États-Unis, il est devenu la boisson emblématique de la communauté hip-hop», explique Claire Maurice responsable Market Intelligence chez Sopexa.

«Une marque qui détecte ce genre de tendances la première gagnera des parts de marché sur la concurrence», souligne-t-elle devant un parterre de professionnels de l'agroalimentaire.

Danone ne s'y est pas trompé: le groupe s'est mis il y a un an au «social listening», littéralement l'écoute des réseaux sociaux pour voir ce que les consommateurs aiment (ou pas) manger.

Objectif: pouvoir détecter les crises, de santé publique par exemple, surveiller la réputation des marques du groupe et bien sûr dénicher de nouvelles tendances de consommation.

«C'est un gros avantage, mais il faut pouvoir structurer la masse d'information», reconnaît Christian Veysseyre, directeur Réseaux sociaux chez Danone.

Le groupe a fait appel à une société extérieure pour mettre au point ses plateformes de veille en France, en Allemagne, en Espagne et au Royaume-Uni.

Secteurs prometteurs

Une analyse très fine des données recueillies sur Twitter, Facebook et autres peut permettre aux industriels d'identifier des secteurs prometteurs, promet Fanny Forgeau, de Linkfluence, qui développe justement des logiciels en ce sens.

«On remarque par exemple que les bonbons sont de plus en plus utilisés en ingrédients pour cocktails. Cela peut être une opportunité», estime-t-elle.

Sans oublier le ciblage ultra-précis permis par un site comme Facebook, où un fabricant de chocolat bio cherchant à s'implanter à Berlin pourra sans problème repérer de potentiels amateurs de ses confiseries, par exemple.

De son côté, Pinterest se targue d'être «en train de devenir le carnet de recettes des internautes», qui «épinglent» virtuellement sur le site des recettes ou astuces de cuisine trouvées ailleurs sur la toile, affirme Stéphanie Tramicheck, responsable France.

D'où l'intérêt selon elle pour les marques de fournir des contenus (photo, recette...) qui pourront être ensuite partagés sur le site.

Reste à convaincre les salariés de l'entreprise, souvent des PME dans l'agroalimentaire, de l'intérêt des réseaux sociaux pour vendre des fromages de chèvre, comme chez Eurial, une coopérative laitière rassemblant 4500 producteurs du Grand Ouest et producteur de la marque Soignon.

«En interne, il y a un vrai débat. Chez les vendeurs, la jeune génération est très connectée, mais pour ceux qui sont plus âgés, c'est difficile», reconnaît Christophe Pigré, responsable export.

«La difficulté pour une entreprise comme nous, c'est qu'on a pas forcément de spécialiste ou de service dédié uniquement aux réseaux sociaux», souligne-t-il.

La coopérative a donc débuté tranquillement par les grands classiques du web, Facebook et YouTube. Mais compte bien à terme réussir à toucher les internautes d'Asie, d'Amérique latine ou d'Afrique.