Ils sont tous deux des pionniers, mais pour des raisons différentes: l'un tient le réputé restaurant danois Noma, l'autre résiste, dans son restaurant somalien, aux attaques des islamistes shebab.

Aujourd'hui, via le MAD Symposium, une communauté de chefs créée par le fondateur du Noma Rene Redzepi, coopèrent pour lever des fonds et reconstruire le restaurant The Village dans la capitale somalienne Mogadiscio.

L'établissement, ouvert en 2008 par le restaurateur somalien Ahmed Jama, formé à Londres, a été attaqué la semaine dernière pour la troisième fois par les shebab. Cette dernière attaque-suicide a fait au moins 18 morts.

L'ouverture du Village avait bousculé la perception traditionnelle de Mogadiscio: une ville ravagée par deux décennies de conflit. Elle avait redonné une vague idée de ce qu'était la capitale somalienne en temps de paix : une agréable et élégante capitale de bord de mer.

Le Noma, à Copenhague, a trois fois été classé meilleur restaurant au monde par la revue britannique Restaurant Magazine. Avec son chef, il a aidé à lancer l'appel de fonds sur internet pour reconstruire l'établissement.

«Aidons le chef Ahmed en Somalie à reconstruire,» a écrit M. Redzepi sur Twitter.

Ahmed Jama s'était adressé devant le MAD Symposium à Copenhague en août, expliquant comment après avoir fui la Somalie, il avait choisi de revenir à Mogadiscio ouvrir son restaurant, dans l'espoir de créer de l'emploi et rassembler la population autour de la nourriture.

Plusieurs de ses employés ont été tués dans les attaques des shebab.

«Je promeus la paix, ils promeuvent la violence,» avait lancé Ahmed Jama en août.

En deux jours, plus de la moitié des 12 000 euros nécessaires à la reconstruction de son établissement ont été levés.

«En tant que communauté de chefs, nous voulons simplement montrer notre soutien à ce que (M. Jama) a fait,» a expliqué l'un des organisateurs de l'appel, Mark Emil Tholstrup Hermansen.

Les shebab tentent de renverser depuis plusieurs années le gouvernement somalien. En dépit de nombreux revers militaires depuis deux ans, qui les ont contraints d'abandonner la totalité de leurs bastions, ils continuent de contrôler de vastes zones rurales et de mener des attaques-suicides meurtrières à Mogadiscio.

En juillet, un rapport du groupe d'experts de l'ONU sur la Somalie estimait le nombre des insurgés à quelque 5000. Selon les experts, les shebab restent «la principale menace à la paix et la sécurité en Somalie».