Fini les longues soirées avec les enfants! Avec la rentrée scolaire vient le temps de coucher vos petits et vos ados à une heure... raisonnable. La Presse s'est entretenue avec la neuropsychologue Johanne Lévesque sur les «dérèglements» liés à un manque de sommeil chronique chez les jeunes.

L'apprentissage

Toutes les études arrivent à la même conclusion: le sommeil nous permet de «consolider» nos apprentissages. «C'est pendant qu'on dort qu'on retient ce qu'on a appris le jour, résume la neuropsychologue Johanne Lévesque. Les jeunes qui manquent de sommeil ont donc plus de difficulté à mémoriser ce qu'ils ont appris, souligne-t-elle. Le besoin de sommeil peut varier d'une personne à l'autre, mais il est essentiel pour bien assimiler les connaissances acquises.»

Le comportement

Avec le manque de sommeil, les lobes frontaux, qui comprennent toutes les fonctions supérieures du cerveau (capacité de raisonnement, de planification, d'organisation, de mémoire de travail, etc.), fonctionnent moins bien. «Ce ralentissement entraîne entre autres un manque d'inhibition, explique Johanne Lévesque. Les jeunes auront de la difficulté à rester en place et à se concentrer. Ils seront plus facilement distraits. En fait, ils n'auront qu'une seule envie: bouger.»

L'attention

Sur le plan cognitif, l'attention est la fonction du cerveau la plus perturbée par le manque de sommeil, selon Johanne Lévesque. «Quand on est fatigué, on est moins attentif, tout le monde a déjà expérimenté cet état. Si l'expérience se répète soir après soir, c'est sûr que ça va avoir un effet sur notre capacité à recevoir de nouvelles informations.» Les adolescents sont particulièrement vulnérables puisqu'ils ont tendance à se coucher plus tard.

L'émotivité

Le manque de sommeil entraîne également une plus forte émotivité, estime la Dre Lévesque. «Les enfants auront plus de difficulté à gérer leurs émotions. Ça peut provoquer des crises de colère, une plus grande irritabilité, un manque de coopération. Les choses vont leur sembler une montagne, ce qui fait qu'ils vont réagir de façon émotive. Il y aura moins de collaboration générale. C'est encore une fois un effet lié aux lobes frontaux.»

Le niveau d'énergie

La léthargie est l'une des dérives possibles découlant d'un manque de sommeil. Selon Johanne Lévesque, le manque d'activité physique et une mauvaise alimentation peuvent également être en cause et avoir un impact sur le niveau d'énergie de l'enfant. «Quand on combine le manque de sommeil à une mauvaise alimentation et à la pratique d'activités passives (jeux vidéo, télé), le manque d'énergie des jeunes sera à son comble.»

Le trouble de déficit d'attention (TDA)

Les enfants qui ont un trouble de déficit d'attention (TDA) sont pris dans un cercle vicieux. Leurs symptômes sont exacerbés par le manque de sommeil. «Ils ont un sommeil plus agité, admet la Dre Lévesque. Ils peuvent se réveiller plusieurs fois pendant la nuit ou avoir de la difficulté à s'endormir à cause d'une hyperactivité mentale ou de problèmes d'anxiété.» Dans leur cas, l'activité physique est conseillée. Tout comme les massages, qui peuvent avoir un effet apaisant.