Depuis bientôt 12 ans, Louis-Philip Pothier et Martine Dupont vivent à Iqaluit. « On ne sait pas si on a adopté le Nunavut, ou si c'est le Nunavut qui a décidé qu'il nous adoptait, mais c'est vite devenu notre chez-nous », résume le gaillard à barbe rousse. C'est là que sont nés leurs trois fils, William, 9 ans, Victor, 7 ans et Arthur, 5 ans. Depuis décembre, la famille accueille aussi une fillette inuite de 18 mois. La Presse a joint M. Pothier pour parler de paternité dans le Nord.

Q : Pourquoi vivez-vous au Nunavut?

R : Ma conjointe et moi avions le désir de voyager avant de fonder une famille. Elle a eu une occasion d'emploi à Iqaluit, alors on s'est dit que c'était la meilleure solution pour nous. On est venus pour un an, mais on est tombés en amour et on est restés.

Je suis guide en tourisme d'aventure de formation et je me suis vite placé les pieds dans ce domaine. En 2011, j'ai fondé mon entreprise spécialisée en traîneaux à chiens et aventure polaire, Inukpak Outfitting. C'est maintenant ce qui m'occupe à temps plein.

Q : Est-ce différent, être père dans le Nord?

R : Je dirais que la job de papa, c'est la job de papa! Mais c'est sûr qu'élever des enfants au Nunavut, ce n'est pas du tout comme les élever sur la Rive-Sud de Montréal, où vit mon frère. Ici, en cinq minutes, on est partis de la maison, on a laissé les enfants à l'école et on est au bureau. Le temps de qualité passé en famille est plus grand.

Le jour où mes enfants ont compris que ce n'étaient pas tous leurs cousins et cousines qui allaient parfois à l'école en motoneige, ç'a été un choc pour eux.

Q : Quels sont les avantages d'élever des enfants à Iqaluit?

Mon travail est très saisonnier. Pendant les saisons mortes, je suis à la maison pour le dîner des enfants, je suis là le soir, je peux me permettre de prendre congé lors des journées pédagogiques pour passer plus de temps avec mes boys. Mais présentement, ma famille ne me voit pas beaucoup, parce que je travaille de 10 à 18 heures par jour. C'est une saison très touristique.

On a accès à une panoplie d'activités sportives assez incroyable : karaté, judo, danse, patinage de vitesse, hockey, nommez-les, on les a. C'est tenu à bout de bras par des parents bénévoles. Le gouvernement du Nunavut et la ville d'Iqaluit investissent aussi beaucoup dans les infrastructures sportives. Comme il n'y a que 8000 habitants, il n'y a pas de grandes routes. Les enfants sont libres de faire de la bicyclette, de jouer au hockey, de courir en pleine rue, c'est très sécuritaire.

Sinon, on a une proximité avec la nature qui est incomparable. De notre maison, on voit l'océan. À cinq minutes à pied, on est dans la toundra. À quelques minutes de voiture, on est sur une rivière où on pêche. Mes enfants ont aussi la chance d'avoir une équipe de 16 chiens de traîneau disponible pour eux.

Q : Y a-t-il des désavantages?

R : C'est sûr qu'il y a un certain éloignement, puisque nos familles sont au sud. Grand-papa et grand-maman sont aussi présents dans la vie de nos enfants, mais pas physiquement présents pour venir donner un coup de main, pour aller chercher les enfants à l'école parce que notre horaire est chargé une certaine journée.

Nunavut

Population en 2015 : 36 700

Taux de fécondité en 2011 : 3,5 enfants par femme

Congé parental (à partager entre parents) : 35 semaines payées 55 % de la rémunération hebdomadaire moyenne assurable (maximum de 524 $ par semaine)

Rémunération hebdomadaire moyenne en 2014 : 1237,73 $

Québec

Population en 2014 : 8 millions

Taux de fécondité en 2012 : 1,67 enfant par femme

Congé de paternité : Cinq semaines payées l'équivalent de 70 % du revenu (revenu maximal assurable de 70 000 $ par an).

Congé parental (à partager entre parents) : Sept semaines payées l'équivalent de 70 % du revenu et 25 semaines payées l'équivalent de 55 % du revenu.

Rémunération hebdomadaire moyenne en 2014 : 849,46 $

Sources : Bureau des statistiques du Nunavut, Service Canada, Institut de la statistique du Québec, Régime québécois d'assurance parentale et Statistique Canada.