Originaires de Rimouski, Pierre et Mireille se sont installés tout naturellement à Saint-Ferréol-les-Neiges, à la montagne. Pour le ski de fond avant tout. Mireille aussi est une ancienne athlète de haut niveau en ski de fond et en vélo. « On habite sur les pistes de ski alpin du Mont-Sainte-Anne. Pour le ski de fond, on n'a qu'à traverser la rue. » Encore bébés, les enfants Harvey ont été trimballés sur les pistes en traîneau. « Un peu plus vieux, on les mettait sur les skis, ils en faisaient 100 pi, ils se reposaient dans le traîneau, puis remettaient les skis... Après, on skiait tous ensemble, avec d'autres familles. On se rendait à un refuge pour pique-niquer. » Tour à tour, les enfants ont fait du ski alpin, de la planche à neige et du ski de fond. Du vélo de montagne, aussi. « Tous les enfants faisaient du sport autour. Ça fait partie de leur enfance », confie Mireille. Et quand les entraînements se déroulent dans la cour, ça facilite la logistique familiale. « Ça fait loin pour travailler, mais c'est tellement pratique pour le sport! »

Les membres de la famille

Alex Harvey, 25 ans: persévérant, farceur et, selon son père, « plutôt têtu ».

Sophie Harvey, 23 ans: généreuse, « elle a parfois tendance à trop donner et s'oublier », dit sa mère.

Laurence Harvey, 20 ans: c'est l'extravertie de la famille, elle met de la vie là où elle passe.

Pierre Harvey, 57 ans: ingénieur et, bien entendu, légende du ski de fond, homme passionné et déterminé, tel père, tel fils.

Mireille Belzile: médecin du sport, très présente pour ses enfants, confiante, elle s'exprime sans détour.

> Pour le plaisir

Oui, les Harvey ont une génétique familiale favorable: ils excellent tous dans le sport. « On a néanmoins toujours misé sur le plaisir avant tout, dit Mireille. Alex a fait du karaté, il a essayé de patiner sans trop de succès. C'était important pour nous qu'ils aient des activités diversifiées, on voulait qu'ils bougent pour s'amuser. » Il y a quelques années, Sophie ne s'amusait plus. Elle en a eu assez de la compétition. Trop de stress, trop peu de plaisir. Elle était dans l'équipe provinciale de ski de fond, mais elle avait tendance à se comparer à son frère Alex, désormais olympien. Sa mère lui a suggéré de prendre une pause qui s'est avérée bénéfique. Sophie continue de skier pour le plaisir, loin de la compétition. « Elle est plus heureuse ainsi et c'est ce qui importe. Le sport de haut niveau n'est pas ce qui est le meilleur pour la santé, ça fait un temps. L'important, c'est de garder le goût de faire de l'exercice et de bonnes habitudes de vie. »

> Côte à côte

Mireille et Pierre sont séparés depuis 2004, mais ils habitent toujours la même rue. « C'était plus facile pour les enfants. Aucun n'a voulu d'une garde partagée, les enfants ne voulaient pas être obligés de suivre un horaire et d'avoir à faire leurs valises. Ils sont restés avec moi et ils voyaient leur père à leur guise, surtout pour faire du sport. Ils allaient manger chez lui. Ç'a bien fonctionné, ça fonctionne toujours bien. » Il y a deux ans, Alex a acheté sa propre maison avec sa copine. Il habite à quelques pas de chez ses parents.

> Appels vidéo

Alex traîne immanquablement son ordinateur partout où il va, ça lui permet de rester en contact avec sa famille, dit-il. C'est qu'en ski de fond, le calendrier du circuit de la Coupe du monde est long et chargé. Il est parti de novembre à la fin du mois de mars. Après chaque compétition, le fondeur appelle sa mère, via Skype ou Facetime. Course ou pas, il échange avec sa mère et ses soeurs jusqu'à deux ou trois fois par semaine tout au long de la saison. « Ça lui fait du bien de parler quand ça va bien et surtout quand ça va moins bien », dit sa mère. Il n'a pas eu à appeler sa mère de Sotchi, puisqu'elle était à ses côtés à titre de médecin de l'Équipe nationale de ski de fond.

> Soupers animés

Quand il revient au Québec, les soupers en famille sont hebdomadaires pour Alex. Ça se déroule souvent chez sa mère, parfois chez lui. « On parle de sport, mais on essaie de parler d'autre chose, dit sa mère. La compétition n'est pas au premier plan. Si ça revient trop, je les force à changer de sujet. Je ne veux pas que ça soit une obsession. » Alex aime agacer ses soeurs, alors ça rigole beaucoup autour de la table. « J'ai essayé que les enfants développent une complicité et un esprit d'entraide entre eux, qu'ils soient là l'un pour l'autre en cas de pépin. Je pense que c'est réussi. »

> L'amour de l'hiver

Pierre Harvey est un amoureux de l'hiver. Un amour qu'il a transmis, sans forcer, à ses enfants. « J'ai toujours adoré l'hiver, la neige, confiait-il à La Presse en 2012. Chaque année, on a hâte à la première tempête, hâte de sortir nos skis pour nos premières randonnées. Alex, Sophie et Laurence étaient aussi comme ça quand ils étaient petits, et on voit ce que cela a donné. On a la chance de vivre dans un grand pays nordique, de pouvoir pratiquer de merveilleux sports d'hiver, et je considère le ski de fond comme le plus beau. C'est un sport sans impact qu'on peut pratiquer à tout âge, au rythme qu'on veut, et il ne nécessite pas un gros investissement. Il suffit d'aimer l'hiver et la neige! »