L'inattention est plus responsable de l'échec scolaire que l'hyperactivité, selon une nouvelle étude montréalaise. Or, ce sont les enseignants qui repèrent les enfants hyperactifs, parce qu'ils dérangent la classe.

«Il y a presque autant d'enfants qui ont seulement un déficit d'attention que d'enfants qui ont un déficit d'attention avec hyperactivité», explique l'auteur principal de l'étude publiée dans le Journal américain de psychiatrie, Jean-Baptiste Pingault, de l'Université de Montréal, qui a travaillé avec des chercheurs en psychologie. «Mais les enfants hyperactifs sont plus souvent identifiés. L'inattention est moins souvent remarquée, ou alors plus tard. Elle a un impact sur les notes, mais, dans les premières années du primaire, on n'accorde pas beaucoup de poids aux notes. Nous montrons que c'est surtout l'inattention qui est liée à l'échec scolaire.»

Le groupe a étudié les dossiers de 2000 Québécois nés au début des années 80 et suivis pendant 22 ou 23 ans. Seulement 29% des enfants inattentifs terminent leurs études secondaires, comparativement à 40% des hyperactifs. Cette différence existe même en tenant compte de facteurs confondants, comme la pauvreté et l'éducation des parents. L'échantillon était à peu près représentatif de la population québécoise.

Dès la garderie

«Les études précédentes ne faisaient pas vraiment la distinction entre l'inattention et l'hyperactivité, ou alors avaient des échantillons peu importants ou non représentatifs, dit M. Pingault. Nous voulons maintenant voir s'il est possible de détecter des précurseurs de l'inattention dès la garderie. Le problème, c'est qu'on y exige moins de concentration des enfants, alors repérer l'inattention ne sera pas forcément évident. Mais il est certain que les capacités d'attention se développent entre 2 et 4 ans.»

Dans l'échantillon, 12% des enfants avaient de hauts niveaux d'hyperactivité et d'inattention, 11% avaient seulement un haut niveau d'inattention et 3% seulement un haut niveau d'hyperactivité. L'étude ne comportait pas d'évaluation et de diagnostic psychiatriques, mais des évaluations par les enseignants qui reflètent les taux de diagnostic, selon M. Pingault.

La thèse que trop d'enfants reçoivent des médicaments pour le déficit d'attention et l'hyperactivité est-elle valide? «Dans notre échantillon, moins de 2% des enfants de 12 ans recevaient un médicament pour la concentration, dit M. Pingault. C'est sûr que ç'a augmenté, mais on ne peut pas dire exactement si c'est trop ou pas assez. C'est certainement une question qu'on peut se poser.»

Dans une cohorte plus récente, née au début du millénaire, le taux monte à 4,6% entre 6 et 9 ans.