Première au Musée McCord: une exposition entièrement destinée aux enfants. Et pas n'importe laquelle: Mots mêlés de Munsch invite les jeunes de moins de 12 ans dans la maison de l'auteur, histoire de manipuler les mots, construire des phrases et se faire raconter des histoires. Bref: pour jouer avec les mots, au sens propre comme au figuré. Fous rires assurés.

Mercredi matin, 9h. Un groupe d'une vingtaine d'enfants de première année approche bruyamment de l'entrée de l'exposition. Tout à coup, c'est le silence. «Il est là! C'est Munsch!» Le père Noël n'aurait pas eu meilleur effet.

Il faut dire que Robert Munsch, un des auteurs les plus renommés du Canada anglais, est bien connu des enfants. Même ici. Ses histoires abracadabrantes de princesses dans un sac, de chaussettes qui puent et de bébés alligators trônent dans toutes les bibliothèques et sur bien des tables de chevet.

Ce matin-là, deux groupes scolaires de Verdun visitent le musée. Au total, près de 1000 enfants passeront ici, une foule d'écoles ayant déjà manifesté leur intérêt.

Bien sûr, l'auteur n'est pas vraiment là. Mais c'est tout comme. On peut l'entendre raconter une histoire et découvrir ses personnages. Ici, c'est son chien, là sa voiture et là-bas, sa cuisine. Attention: il y a des histoires au four!

«Je vais vous raconter une histoire», dit l'animatrice du groupe. Tout le monde l'écoute, en silence. C'est l'histoire d'un petit garçon de votre âge, qui avait huit frères et soeurs. Il était un peu bizarre. Il ne savait pas compter, pas faire de roulades, non vraiment, il n'était vraiment pas doué. La seule chose qu'il aimait, c'était les mots. Ça oui, il aimait raconter des histoires. Quand ce petit garçon est devenu grand, il a travaillé dans une garderie, pour s'occuper de tout petits enfants, poursuit l'animatrice. Mais à l'heure de la sieste, ils étaient toujours très énervés.

Alors un jour, il a décidé de leur raconter une histoire. Une histoire inventée. Le succès a été tel que les collègues de la garderie lui ont conseillé de contacter un éditeur. Un éditeur? Une fois, deux fois, huit fois, il s'est vu refuser. Ce n'est que le neuvième qui a embarqué. Comment il s'appelle, notre monsieur? «Monsieur Munsch!», devinent-ils tous en choeur.

Le groupe se dirige ensuite vers une première activité, sur le devant de la «maison». Il s'agit d'un mur de briques, sur lequel Munsch a commencé à écrire une histoire. «Un jour Renée va voir son père...» Mais pour amuser les enfants, le conteur a retiré quelques briques. À eux de les retrouver, pour compléter l'histoire.

Plus loin, devant un mur présentant les fameux personnages de Munsch, l'animatrice explique que Christophe (qui aime tant les biscuits), André (dont la dent ne veut pas tomber) et Tina (dont les chaussettes sentent la mouffette) ont vraiment existé. Dans la vraie vie. «C'étaient des enfants de sa garderie. Mais il joue avec ses personnages, pour leur faire vivre des choses abracadabrantes.»

Choisissant un enfant au hasard, elle lui demande de se lever, devant un petit miroir, installé judicieusement aux côtés des portraits des personnages. «Mohammed sera peut-être le prochain héros d'une histoire de Munsch!»

Écrire à Monsieur Munsch

L'enseignante, madame Liliane, nous demande aussi sec un papier pour noter une idée. En classe, ils écriront à Monsieur Munsch. Ils ne seront pas seuls. Le conteur a déjà reçu quelques 10 000 lettres de fans. Avis aux intéressés, il paraît qu'il répond davantage aux lettres manuscrites qu'aux courriels...

Mais près d'une heure a déjà filé. Et les enfants en ont assez d'écouter. On les comprend: ils veulent jouer. L'animatrice les laisse découvrir la maison, en toute liberté. Mais bien franchement, c'est la pagaille. Ça court et ça crie, de bonheur, certes, mais dans tous les sens. Cinq minutes plus tard, la récréation est terminée. On emmène les enfants au sous-sol, pour une activité de bricolage.

Pas sûr qu'ils aient eu le temps de profiter des «mots de Munsch» (une installation pour s'enregistrer et s'amuser à moduler sa voix), du «jardin de la poésie» (un coin repos avec cousins et bouquins), de la boîte à biscuits («pour entendre Munsch conter une histoire»), ou du «mur des onomatopées» (pour écrire des sons, si chers à l'auteur). Mais qu'importe.

«Maintenant, c'est sûr qu'ils ne pensent plus aux mots, reconnaît madame Liliane. Mais tout ça m'a donné des pistes à explorer en classe.»

Et pourquoi pas en famille, plus calmement, pour en profiter pleinement?

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Mots mêlés de Munsch Une exposition créée par la Manitoba Children's Museum et le London Regional Children's Museum. Au Musée McCord, jusqu'au 26 avril.