Champions du monde de la consommation de boissons gazeuses et seconds derrière les États Unis pour l'obésité, les Mexicains vont peut-être bientôt apprendre par leurs enfants à mieux se nourrir.

Le ministère mexicain de l'Éducation publique, avec le soutien de plusieurs ambassades étrangères, vient de lancer une campagne dans les écoles pour que les enfants mexicains, premiers d'Amérique latine en surpoids, modifient leurs habitudes alimentaires.

«En raison de la mauvaise alimentation au Mexique, en raison de mauvaises habitudes comme le manque d'exercice, le fait de boire peu d'eau, de manger beaucoup de gras et de sucre», l'obésité est devenue un problème de santé publique et une préoccupation de premier plan pour les autorités, selon la nutritionniste Tamara Vera.

La campagne a été organisée pour la seconde année consécutive au Mexique dans 124 écoles dans le cadre d'une «Semaine du goût», sur le modèle de la campagne menée en France depuis 1990. Des chefs se déplacent dans les écoles d'une dizaine d'États mexicains pour aider les élèves à développer leurs connaissances des saveurs à l'aide de produits frais, en particulier des fruits et légumes.

Cette campagne vise à «donner aux enfants l'envie de manger sainement et de retrouver un intérêt pour les saveurs naturelles et simples», selon l'ambassadeur de France au Mexique, Mme Elisabeth Beton Delègue.

Le régime traditionnel basé auparavant sur la grande disponibilité du maïs et des légumes s'est transformé au Mexique avec l'inclusion progressive d'aliments traités et frits. Les stands de nourriture installés à tous les coins de rue des villes du Mexique offrent à bas prix des tortillas (galettes de maïs ou de blé) remplies de nourriture savoureuse, mais très grasse.

C'est aussi au Mexique que l'on consomme le plus de boissons gazeuses, 163 litres par tête et par an, selon une étude de l'organisation indépendante El Poder del Consumidor (Le pouvoir du consommateur). Soit 40% de plus qu'aux États-Unis.

70% de la population en surpoids

«Le problème de l'obésité nous est venu en 30 ans et peut-être que nous n'aurons pas besoin de 30 ans pour le stabiliser, mais peut-être bien de 10 ans», a souligné le ministre mexicain de l'Éducation, José Angel Cordova, en inaugurant jeudi cette «Semaine du goût».

Le Mexique est désormais le second pays derrière les États-Unis pour l'obésité et le quatrième au monde pour le surpoids infantile, selon un rapport de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). 70% de la population souffre de surpoids, c'est-à-dire d'un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à la normale, d'après les chiffres du gouvernement mexicain.

Les maladies ayant un lien avec le surpoids comme le diabète, l'hypertension ou les maladies cardiovasculaires ont coûté au Mexique en 2008 l'équivalent de 2,5 milliards de dollars CAN, selon des chiffres gouvernementaux.

Le diabète de type 2, lié directement à une présence importante de glucose dans le sang, est la principale cause de mortalité au Mexique. Pour une bonne partie de la population, la lutte contre les mauvaises habitudes alimentaires est devenue une question vitale.

«Si nous ne passons pas d'un système curatif à un système préventif, et si nous ne changeons pas nos habitudes, le système de santé ne sera pas capable de répondre aux besoins des Mexicains, selon Miguel Limon Garcia, responsable du service de coordination de la participation sociale au ministère de la Santé.