Carl et France sont inquiets, car leurs plus récentes communications avec le personnel de l'école concernaient des signes permettant de croire que leur fils pourrait avoir un problème d'apprentissage.

On leur parle de différents types d'évaluations qui seront probablement nécessaires, avec une orthopédagogue, une psychologue et peut-être un orthophoniste. Ils sont contents qu'on leur offre ces services, mais on leur parle d'une certaine période d'attente. France anticipe que l'incertitude qu'elle ressentira durant cette période d'attente sera insupportable. Elle craint également qu'on les blâme, elle et Carl, pour les difficultés de fiston. De son côté, Carl craint qu'on ne s'acharne à multiplier les formes d'évaluation pour absolument trouver un diagnostic expliquant ses difficultés... Se pourrait-il qu'il n'aime tout simplement pas l'école et que c'est pour cette raison qu'il a des échecs?

Toutefois, France lui fait remarquer que l'inverse est aussi possible: qu'il n'aime pas l'école parce qu'il a des échecs. Bref, c'est l'oeuf ou la poule! Les prochains mois s'annoncent difficiles, et la consultation de différents sites Web sur les difficultés d'apprentissage leur fait apprendre un vocabulaire qui fait peur : trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité, trouble de l'apprentissage (comme la dyslexie), manque de motivation, décrochage scolaire...

Lorsque des parents réalisent que leur enfant accuse un retard dans ses apprentissages et qu'il vit des échecs scolaires, cela peut correspondre au début d'un long et pénible processus avant de trouver des solutions. Il ne faut pas oublier que ce processus est aussi difficile pour les enseignants, qui doivent composer avec les difficultés de l'élève sans toujours savoir comment intervenir, puisqu'on ne sait pas encore la cause de ses difficultés.

La tâche n'est pas nécessairement facile non plus pour les professionnels de la commission scolaire, qui sont débordés et qui n'obtiennent pas toujours le même niveau de collaboration d'un enseignant à l'autre et d'un parent à l'autre.

Bref, les difficultés scolaires d'un élève ne sont pas un défi seulement pour lui-même, mais aussi pour une multitude d'adultes autour de lui, qui sont responsables de son éducation et qui dépendent les uns des autres. En effet, pour bien faire son travail auprès de l'élève, l'enseignant doit pouvoir se fier à des parents qui encadrent les apprentissages de l'élève à la maison, qui encouragent ses efforts et qui valorisent l'éducation en général. Il espère également que les professionnels l'aideront à adapter son enseignement et ses interventions à la réalité de l'élève.

De leur côté, les professionnels qui procèdent à l'évaluation doivent obtenir la collaboration de l'enseignant et des parents qui devront leur fournir des informations sur l'élève (souvent par entrevue ou en remplissant des questionnaires). Enfin, les parents espèrent que le travail de l'enseignant et des professionnels de l'école aidera leur enfant à surmonter ses difficultés scolaires et à regagner sa motivation, sans que son estime de lui-même ne soit trop atteinte.

Ainsi, lorsque des parents me demandent quel est leur rôle face aux difficultés scolaires de leur enfant, je leur énumère souvent cette liste :

»communiquer régulièrement avec le personnel de l'école, leur demander quelles sont leurs attentes envers eux (ex. : remplir des questionnaires pour l'évaluation, collaborer à un plan d'intervention, faire faire des exercices à l'élève à la maison, etc.);

»encourager l'élève en lui disant qu'ils sont là pour le soutenir et en soulignant ses efforts (plutôt qu'en le réprimandant pour ses échecs);

»orienter leur enfant vers des activités dans lesquelles il se sent bon (sports, art, etc.) afin de préserver son estime de soi;

»montrer un intérêt envers son vécu scolaire;

»valider ses émotions lorsqu'il se sent découragé (ex. : en lui disant que c'est normal de se sentir ainsi);

»lorsque c'est possible et lorsque les délais des professionnels de l'école sont trop longs (bien que ce ne soit pas leur faute), consulter en privé... si des solutions sont mises de l'avant plus rapidement, l'estime de soi de l'enfant sera moins affectée. Dans ce cas, il est important de faire le lien entre le professionnel en privé et le personnel de l'école, afin de s'assurer que tout le monde travaille dans la même direction.

Lorsque la cause des difficultés de l'enfant est identifiée, j'oriente souvent les parents vers des organismes ou des associations de parents qui les aideront à soutenir leur enfant. À titre d'exemple, Allô prof (alloprof.qc.ca) est un organisme où des enseignants offrent de l'aide aux élèves et à leurs parents au moyen d'un site Web et d'une ligne d'écoute. Il y a également l'Association Québécoise des troubles d'apprentissage (aqeta.qc.ca). Panda (associationpanda.qc.ca) est une association de parents dont l'enfant souffre d'un trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité.

Bref, avoir un enfant qui éprouve des difficultés scolaires demande beaucoup d'efforts de la part des parents. Ils doivent pouvoir reconnaître les rôles qui leur appartiennent et ceux qui appartiennent à l'enseignant et aux professionnels qui travailleront avec l'élève. Mais quand les parents s'impliquent, se mobilisent et collaborent avec les autres adultes, cela peut faire une grande différence.