Jasmine, 15 ans, est une adolescente enviée par la plupart de ses amies. Elle est issue d'un milieu très aisé, fréquente une école privée très réputée et dispose de tous les gadgets lui permettant d'être hyper branchée : ordinateur portable, téléphone intelligent, console de jeu, téléviseur 3D et autres iPad de ce monde sont tous à sa disposition pour son divertissement. Ses parents, qui l'adorent, ont chacun une très belle carrière dans laquelle ils investissent beaucoup de temps. Ils sont très performants dans leur travail et valorisent beaucoup le succès professionnel, la compétence et le sentiment du travail bien fait.

Ils sont convaincus de bien réussir leur rôle de parents, car Jasmine est une adolescente qui a plusieurs bons amis, qui réussit bien à l'école et qui s'entend bien avec eux. Mais, bien qu'elle soit enviée par ses amies et que ses parents la voient comme une ado modèle, la réalité de Jasmine n'est pas aussi rose qu'elle en a l'air. À cause de l'emploi du temps de ses parents, elle est souvent seule à la maison lorsqu'elle arrive de l'école. Souvent, elle doit manger seule puisque ses parents soupent tard. Ses amies trouvent que l'absence de ses parents lui procure une certaine liberté et une intimité, mais à la longue, Jasmine souffre de solitude et se sent un peu déprimée. Elle ressent également une certaine pression de performance. Comment réagiraient ses parents si jamais elle vivait un échec à l'école, ou si elle ne parvenait pas à développer une carrière aussi brillante que la leur?

Longtemps, les études se sont penchées sur les difficultés éprouvées par les jeunes de niveaux socioéconomiques plus faibles. Ce n'est pas sans raison. Il semble en effet que la pauvreté soit souvent associée à plus de problèmes de santé physique ou mentale. C'est une réalité et c'est généralement bien connu du grand public. Pas besoin d'avoir un doctorat en psychologie pour comprendre que le stress causé par un manque d'argent ou de ressources peut affecter la santé et le bien-être.

Est-ce que cela veut dire que les enfants issus de milieux plus aisés sont nécessairement protégés des difficultés socioaffectives? Rien n'est moins sûr! Certaines études américaines font ressortir que les ados issus de couches sociales aisées vivent des taux alarmants de dépression, d'anxiété et d'abus de substances. Selon certains auteurs, le matérialisme, la pression de réussir, le perfectionnisme, l'individualisme et la compétition pour le succès seraient les principaux facteurs qui mènent aux difficultés des ados dits «privilégiés». Attention! Ce ne sont pas tous les enfants issus de milieux aisés qui vivent ces problèmes. Mais le phénomène existe et prouve que la richesse n'est pas une garantie d'absence de difficulté socioaffective.

À l'approche de la période des Fêtes, nous vivons deux tendances qui peuvent porter à une réflexion sur ce phénomène des familles aisées :

1) la surconsommation;

2) la pression d'organiser des réceptions impeccables.

D'un côté, la surconsommation, qui irrite sûrement plusieurs d'entre vous, est une tendance qui vide Noël de son sens. Surtout après avoir développé une série de cadeaux inutiles qui trouveront le chemin des poubelles durant les premières semaines de janvier. De plus, plusieurs femmes se reconnaîtront si je parle de la pression de performance que nous ressentons parfois par rapport à nos qualités d'hôtesse lorsque nous recevons. Ces deux phénomènes des Fêtes peuvent nous aider à comprendre la détresse de certains ados de familles aisées, puisqu'ils rejoignent un peu les facteurs qui amènent leurs difficultés : matérialisme, perfectionnisme, pression de réussir...

D'un autre côté, les congés et le rapprochement des familles autour de bons repas sont sûrement des traditions des Fêtes que la plupart d'entre vous apprécient, surtout si vos relations avec la famille élargie sont harmonieuses. Pourquoi? Parce que ces traditions apportent de la chaleur humaine et un sentiment d'appartenance (à une famille ou un groupe d'amis) réconfortants. Les congés permettent de s'orienter un peu moins sur le devoir et les responsabilités et un peu plus sur la détente et le plaisir. Or, ce sont exactement ces facteurs qui favorisent un bon développement socioaffectif chez les enfants et les ados : chaleur humaine, sentiment d'appartenance, détente, plaisir en famille...

Alors, pourquoi ne pas s'inspirer de certaines traditions des Fêtes pour adopter de bonnes habitudes au quotidien avec vos ados? Par exemple, l'habitude de s'asseoir en famille autour d'un bon repas... quotidiennement. On n'est pas obligé d'attendre la période des Fêtes pour souper en famille. Or, selon certaines études, les familles qui soupent ensemble cinq fois par semaine sont moins à risque de difficultés socioaffectives que les familles qui soupent ensemble deux fois ou moins par semaine. Manger ensemble procure un sentiment de rapprochement, le sentiment de faire partie d'une famille. Si vous arrivez à faire ce qu'il faut pour préserver le sens de Noël, pourquoi ne pas faire les efforts nécessaires pour préserver un sens de la famille?