Gabriel, un garçon âgé de 13 ans, se fait régulièrement traiter de «gros» à l'école. Il réagit en tentant de démontrer qu'il a le sens de l'humour et que ces commentaires ne l'affectent pas. Toutefois, hier, il s'est battu avec un élève qui a poussé un peu trop loin la limite de l'humiliation. De plus, le médecin de famille lui a recommandé de perdre du poids afin de prévenir d'éventuels problèmes de santé.

Depuis, il semble de moins en moins à l'aise avec son corps, avec son apparence. Il s'isole un peu plus, et démontre qu'il veut maigrir par des moyens draconiens. Sa mère remarque qu'il veut jouer au hockey dans la rue tous les soirs avec ses amis (alors qu'avant, il refusait parfois l'invitation), il a demandé un abonnement au gym pour son anniversaire et elle remarque qu'il saute parfois des repas. Elle est d'accord avec le médecin qui dit qu'il devrait perdre un peu de poids pour sa santé, mais elle remarque bien que l'accumulation de tous les commentaires sur son poids affecte son estime de soi. Elle se demande comment réagir.

Quand un enfant est un peu rond, fait de l'embonpoint ou est carrément obèse, cela peut avoir un effet à la fois sur sa santé physique ET sur le développement de son estime de soi. En effet, nous savons tous qu'un surplus de poids peut augmenter les risques d'éventuels problèmes de santé physique.

De plus, compte tenu des standards de beauté véhiculés de nos jours, qui valorisent un corps mince et musclé, être rond peut également affecter l'estime de soi et l'image corporelle d'un jeune. L'estime de soi sera d'autant plus affectée s'il est victime de moqueries ou d'humiliation à l'école ou dans sa famille.

Donc, les parents d'enfants qui ont un surplus de poids sont parfois confrontés à un dilemme :

- suggérer à l'enfant de faire des démarches pour perdre du poids et être en meilleure santé, au risque que ces commentaires atteignent son estime de soi;

OU

- protéger son estime de soi en l'aidant à s'accepter tel qu'il est, même si cela implique d'éviter de lui suggérer de maigrir, au risque que sa santé physique se détériore.

En fait, je pense qu'il est possible de faire les deux à la fois! C'est-à-dire de favoriser l'estime de soi de l'enfant et de l'aider à s'accepter tel qu'il est, pour ensuite l'aider à perdre du poids de manière saine, si telle est la recommandation du médecin.

Si, comme Gabriel, l'estime de soi de l'enfant est affectée et qu'on ne s'en préoccupe pas, il pourrait s'orienter vers des méthodes malsaines de perte de poids afin de maigrir rapidement, telles que sauter des repas, faire des régimes yo-yo ou encore s'entraîner de manière excessive. Cela peut être dangereux, particulièrement pour un enfant ou un adolescent qui n'a pas encore terminé sa croissance.

On peut favoriser une image corporelle et une estime de soi positives en l'aidant à reconnaître les parties de son corps qu'il aime (yeux, cheveux, sourire...), en lui faisant remarquer la diversité de la forme des corps et des visages dans la réalité (contrairement aux images qui se ressemblent toutes dans les médias), en lui faisant nommer ses qualités personnelles, ses talents et ses compétences...

Apprendre à s'aimer tel qu'il est l'aidera à être moins pressé dans ses démarches de perte de poids, ce qui favorisera le choix de démarches plus lentes, mais plus saines et avec des résultats plus durables. Ces démarches seront faites par souci d'une meilleure santé et non à cause d'une détresse causée par une perte d'estime de soi... Cela peut faire toute une différence et peut-être même favoriser l'obtention de meilleurs résultats pour la perte de poids, puisque ses objectifs seront plus réalistes.

Bref, les parents n'ont pas à faire un choix entre une démarche ou une autre, ils peuvent encourager leur enfant à s'aimer, tout en l'aidant, s'il le désire, à perdre du poids de façon réaliste. Les deux démarches ne sont pas contradictoires, bien au contraire. Favoriser l'estime de soi pourrait même favoriser un choix plus sain de méthode de perte de poids.