Jérémy, 15 ans, inquiète ses parents... Il fait de moins en moins d'efforts dans ses études, et ses résultats scolaires diminuent un peu. Lorsque ses parents tentent de lui exprimer leurs inquiétudes, il banalise la situation et leur demande de ne pas «l'achaler» avec ça. De plus, certains amis de sa classe, un peu plus vieux que lui, car ils ont déjà doublé, viennent d'abandonner l'école pour faire leur entrée sur le marché du travail.

 Les parents de Jérémy croient que cela pourrait avoir une influence négative sur sa motivation scolaire, qui n'était déjà pas très forte. Eux-mêmes, chacun de leur côté, ont déjà décroché avant la fin de leur secondaire. Ils ont obtenu leur diplôme plus tard, par les cours aux adultes. Toutefois, une fois sur le marché du travail, ils ont toujours vécu une certaine anxiété, une peur d'être éventuellement remplacé par quelqu'un de plus qualifié qu'eux...Aujourd'hui, ils voient un diplôme comme une garantie ou une assurance d'emploi. Ils ne veulent pas que leur fils fasse la même erreur qu'eux, et ils sont prêts à payer toutes ses études. Mais son attitude des dernières semaines leur fait craindre le pire.

Pour bien des parents, l'éducation de leur enfant est très importante. La plupart souhaitent que leur ado obtienne au moins son diplôme d'études secondaires. Mais, malheureusement, le décrochage scolaire fait partie de la réalité et constitue la hantise de nombreux parents. Beaucoup d'entre eux peuvent parfois avoir tendance à sermonner ou à faire la morale à leurs ados en faisant de longs discours sur l'importance de l'Éducation avec un grand É.

Je comprends ces parents... pour exercer mon métier, que j'adore, j'ai dû aller à l'école très longtemps. De plus, j'ai étudié en psychologie de l'éducation... il va sans dire que je considère moi-même l'éducation comme étant très importante! Mais il existe d'autres moyens que les sermons et les longs discours pour tenter d'encourager un jeune à ne pas décrocher. En fait, les sermons ne feront que rendre l'école encore plus aversive à ses yeux.

Il peut être plus utile de commencer par tenter de déterminer la cause de la démotivation de notre ado. Est-ce qu'il souffre de symptômes d'anxiété, de dépression, de problèmes de santé physique, de difficultés sur le plan de l'intégration sociale? Si c'est le cas, l'aider et le soutenir dans ses difficultés sera sûrement plus efficace que de lui parler sans cesse de l'importance de l'école. Il faut s'attaquer à la cause du problème plutôt qu'aux symptômes. Parfois, c'est l'histoire scolaire de l'adolescent, qui remonte jusqu'à la maternelle, qui peut être décourageante : intimidation, échecs scolaires, conflits avec certains professeurs, etc.

Les parents peuvent également jouer la carte de l'ouverture et de l'honnêteté. Discutez avec votre ado des problèmes que vous-même avez pu avoir durant votre parcours scolaire, et comment vous les avez surmontés. Reconnaissez ouvertement l'impact que votre propre expérience scolaire peut avoir sur votre ado : si d'une part, vous avez étudié longtemps, il est possible que votre ado perçoive que «la barre est haute» et que cela le décourage.

D'autre part, si vous avez vous-même décroché, il est possible que votre ado se dise : «Qui est-il pour exiger que j'obtienne un diplôme?» Encore une fois, soyez honnête! Avouez que vous aviez peut-être des objectifs pour lui, sans savoir ce que lui désire vraiment. Soyez à l'écoute de ses intérêts, respectez ce qu'il est et le fait qu'il puisse être différent de vous.

La discussion avec l'ado peut également porter sur les avantages et les inconvénients de continuer ou d'abandonner l'école. On peut également lui demander de faire l'exercice de se projeter dans l'avenir en lui demandant où il se voit dans 20 ans. On peut aussi normaliser le fait qu'il peut être stressant vers la fin du secondaire de devoir choisir une carrière, de risquer de se tromper, ou encore de prendre conscience qu'il nous reste peut-être encore plusieurs années d'études devant nous.

Bref, le dialogue, l'ouverture et l'honnêteté sont de bien meilleurs outils que le monologue et la rigidité! L'important, c'est de reconnaître que le décrochage peut sembler avantageux à court terme, et d'informer notre ado qu'il comporte toutefois de nombreux inconvénients à long terme... même si de nombreuses personnes sans diplôme réussissent très bien leur vie.