Depuis qu'elles sont toutes les deux séparées de leur mari et qu'elles vivent dans un contexte de monoparentalité, Marie-Claude et Chantal vont régulièrement prendre un café ensemble pour se confier, se soutenir et s'encourager mutuellement.

Marie-Claude a deux filles, âgées de six et huit ans. La relation avec son ex-conjoint est très conflictuelle, et se détériore à la moindre occasion où ils doivent communiquer. De son côté, Chantal a un garçon de huit ans. Il ressemble comme deux gouttes d'eau à son père, physiquement ET au chapitre du caractère. Heureusement, Chantal s'entend bien avec son ex-conjoint. Quand Chantal s'amuse à raconter à Marie-Claude à quel point son fils a des attitudes similaires à celles de son père, cette dernière ne peut s'empêcher de se compter chanceuse de ne pas avoir eu un enfant qui ressemble à son ex. Dans son cas, l'effet sur la relation parent-enfant aurait probablement été catastrophique... aussi catastrophique que la relation avec son ex.

Lorsque des parents se séparent, il arrive parfois que l'un d'eux doive s'adapter au fait que l'enfant ressemble physiquement ou psychologiquement à l'ex. Quand les deux parents ont réussi à développer une belle relation de coparentalité, ce n'est pas si grave. Mais quand les parents en sont venus à se détester royalement, cela peut poser un problème.

En effet, dans certains cas, le parent dont l'enfant ressemble à son ex peut involontairement développer une attitude subtile de rejet envers son enfant. Il peut lui lancer des phrases assassines telles que : «T'es bien comme ton père, toi, un vrai traîneux»! Évidemment, si l'enfant sait que sa mère déteste son père, cette phrase peut le blesser énormément. D'une part parce qu'il aime son père, et d'autre part parce qu'il peut se sentir visé par le commentaire.

Évidemment, un parent qui vit ce phénomène peut utiliser plusieurs stratégies pour en limiter les effets sur sa relation avec son enfant.

Premièrement, le parent peut tenter de développer des liens cordiaux avec l'ex. En effet, si la ressemblance entre le fils de Chantal et son ex-conjoint ne la dérange pas tant que ça, c'est en grande partie parce qu'il y a peu de conflits entre eux. Plusieurs couples arrivent à bien s'entendre après une séparation même s'ils ne restent pas les meilleurs amis du monde. Dans les cas de conflits, les services de médiation peuvent aider les parents à trouver des solutions avec lesquelles tous les deux se sentiront à l'aise.

Deuxièmement, il est important que les parents ne partagent pas leurs frustrations contre l'ex à leurs enfants. Le parent ne doit jamais oublier que malgré toute la colère qu'il peut ressentir contre l'autre parent, l'enfant a le droit d'aimer ce parent. Tout commentaire de mépris à l'égard de l'autre parent peut blesser l'enfant, particulièrement si, en plus, on ne cesse de lui souligner à quel point il lui ressemble.

Troisièmement, on doit se dire que l'enfant n'est pas le prolongement de ses parents. Il est une personne à part entière, et il aura à la fois des points communs et des différences avec ses deux parents. Développer ce genre de discours intérieur peut amener une perception plus nuancée et plus rationnelle que : «C'est le portrait tout craché de sa mère»!

Quatrièmement, si l'enfant ressemble vraiment à l'autre parent, on peut faire l'exercice de se remémorer les raisons pour lesquelles nous étions tombé en amour avec notre ex. Ces raisons sont sûrement de belles qualités dont l'enfant a hérité. Cela vaut mieux que de se concentrer sur les défauts que nous avons découverts chez notre ex!

Et enfin, on peut s'efforcer de trouver les points communs que notre enfant partage avec nous. Même s'il ressemble surtout à l'ex, nous avons sûrement une influence sur ses attitudes et ses comportements. Si on éprouve des difficultés à trouver ces points communs, on peut toujours les demander à notre ex, qui les a sûrement observés et qui se fera sûrement un plaisir de nous les énumérer!