Étienne, 15 ans, est parfois impoli ou sarcastique avec sa mère. Par exemple, il peut lever les yeux au ciel lorsqu'elle lui donne un conseil qu'elle lui a déjà répété par le passé. Il peut lui répondre : «Ben là, pourquoi?» lorsqu'elle refuse une de ses demandes déraisonnables. Cela ne lui arrive pas très souvent et lorsqu'il le fait, il le regrette peu de temps après. Lorsque Étienne se montre un peu impoli, sa mère continue son intervention en restant rationnelle, sans entrer dans une lutte de pouvoir avec lui. Elle ne lui dit pas : «Sois poli jeune homme ou tu seras privé de sortie». S'il lève les yeux au ciel, elle continue de donner son conseil sans le harceler trop longtemps. S'il lui répond «pourquoi?» lorsqu'elle vient de lui imposer une limite, elle lui dit qu'elle comprend que cette limite puisse le frustrer et elle lui fait part de ses arguments. Puis, lorsqu'elle remarque qu'il est particulièrement de bonne humeur et ouvert à la discussion, elle souligne qu'elle aime son attitude. C'est souvent à ce moment qu'Étienne s'excuse pour les occasions où il a été impoli ou impatient avec elle. C'est dans ces moments que sa mère se félicite d'être patiente avec lui et de tolérer ses petites sautes d'humeur d'adolescent sans mettre de l'huile sur le feu. Elle se dit alors qu'au fond, son fils la respecte et qu'en prenant de la maturité, ses petits signes d'impatience s'estomperont.

Pour les parents, il est parfois difficile d'accepter que les adolescents «fassent de l'attitude» : les yeux au ciel, les «bla-bla-bla», les réponses sèches, les argumentations... Il ne faut pas nécessairement percevoir ces comportements comme un pur manque de respect, mais plutôt comme un signe que notre enfant a besoin d'exprimer qu'il est différent de sa famille et qu'il devient plus indépendant. En fait, nombreux sont les ados qui respectent leurs parents et qui les admirent secrètement, même chez ceux qui ont ces comportements un peu impolis.

Dans d'autres foyers, c'est plus compliqué. Certains parents réagissent fortement lorsque leur ado se met à manifester ces signes. Ils peuvent leur répondre tout aussi sèchement, se mettre à crier des noms, à les menacer de punitions extrêmes, ce qui amène la relation parent-ado à se détériorer. Ce qui pousse l'ado à croire que finalement, il avait raison : son parent n'est pas si respectable que ça!

En effet, pour s'assurer d'un minimum de respect de la part de son ado, il faut d'abord et avant tout le respecter! Et ce, dès la petite enfance. Cela ne veut pas dire de le laisser faire tout ce qu'il veut sans l'encadrer. Cela veut tout simplement dire de le traiter comme une personne à part entière et de l'encadrer d'une manière bienveillante plutôt que d'une manière écrasante.

Concrètement, une telle attitude respectueuse chez un parent peut se traduire par les exemples suivants :

> Ne pas banaliser les peurs ou les problèmes des enfants.

> Ne pas infantiliser son ado en lui parlant en bébé.

> Faire des critiques constructives en nommant le comportement indésirable plutôt qu'en accusant la personne (ex. : «quand tes souliers traînent dans l'entrée...», plutôt que «grand paresseux, tu ne te ramasses jamais...»).

> S'excuser et reconnaître nos erreurs devant nos enfants (ex. : «Hier soir, je ne t'ai pas écouté quand tu avais envie de me parler, je m'en excuse et je ferai attention la prochaine fois»).

> Quand l'enfant grandit, lui expliquer le rationnel derrière les limites qu'on lui impose, lui dire à quel âge il aura telle ou telle permission au lieu de simplement lui dire non.

> Reconnaître que nos limites peuvent parfois être frustrantes.

> Ne pas répondre aux méchancetés de l'ado par d'autres méchancetés. Cela équivaudrait à mordre votre bambin après qu'il vous a mordu : si vous faites cela, vous vous comportez comme un copain de son âge, pas comme un parent.

Bref, ne sous- estimez pas le pouvoir de l'apprentissage par l'exemple, par modèle. Le respect attire le respect!