Noémie, 13 ans, trouve les adultes bien compliqués! Depuis qu'elle est toute petite, sa grand-mère souhaite lui offrir des cours de violon. De son côté, Noémie s'intéresse bien plus aux sports qu'à l'apprentissage d'un instrument de musique.

D'ailleurs, elle est la meilleure marqueuse de son équipe de soccer. Malgré tout, sa grand-mère se montre parfois déçue qu'elle ne s'intéresse pas plus à la musique classique «qui apporte tellement à la vie des individus», comme elle le dit si bien. Ses parents aussi semblent avoir tracé pour elle le chemin qu'elle devra parcourir. Ils lui parlent souvent de l'importance d'aller à l'école, ce qu'elle comprend très bien, mais également de la nécessité absolue d'obtenir un diplôme universitaire... alors qu'elle veut devenir policière et qu'elle sait bien qu'une technique au cégep peut être suffisante pour exercer ce métier. Pourtant, ses parents ne sont pas allés à l'université, et ils sont tout de même d'honnêtes citoyens qui s'en sortent très bien financièrement. Pourquoi ne se concentrent-ils pas sur l'atteinte de leurs propres ambitions, plutôt que de lui imposer les leurs? Parfois, Noémie a bien envie de dire à sa grand-mère de suivre elle-même des cours de violon, si ça lui plaît tant que ça, et de dire à ses parents de s'inscrire eux-mêmes à l'université, s'ils regrettent de ne pas y être allés... mais ce serait trop impoli!En tant que parents ou grands-parents, il est normal d'avoir à coeur l'avenir de nos enfants ou de nos petits-enfants. Il est normal et même très sain de leur souhaiter le bonheur et la meilleure vie qui soit sur Terre. Cependant, plusieurs chemins, forts différents les uns des autres, peuvent les mener à ce bonheur... pas seulement celui que les parents ou les grands-parents aimeraient les voir emprunter.

Au-delà de souhaiter un bel avenir pour son enfant, le rôle d'un parent est de lui apprendre à s'autoévaluer, afin qu'il puisse découvrir quels sont ses intérêts et ses habiletés. Le parent peut également lui faire connaître l'existence de nombreux métiers, professions ou passions. Il faut également que l'enfant apprenne à peser les avantages et les inconvénients des options qu'il considère, afin de prendre de bonnes décisions. Enfin, le parent a le devoir d'écouter, d'encourager et de soutenir son enfant dans l'atteinte de SES objectifs.

Si un parent a tendance à imposer ses ambitions à son enfant, il y a quelques questions qu'il pourrait se poser afin de déterminer d'où vient cette tendance, ce qui lui permettrait de mieux la gérer :

> Est-ce qu'il s'agit d'une ambition que j'avais pour moi-même, mais que je n'ai pas réussi à atteindre? Dans ce cas, je confie injustement une «mission» à mon enfant... celle d'apaiser mes regrets.

> Est-ce que j'ai honte de dire à ma famille ou à mes amis que mon enfant n'a pas atteint tel ou tel objectif? Dans ce cas, c'est mon orgueil que je protège... et non pas l'avenir ou le bonheur de mon enfant.

> Est-ce qu'il existe des gens malheureux parmi ceux qui font le métier que je souhaite pour mon enfant?

> Est-ce qu'il existe des gens heureux parmi ceux qui exercent un métier autre que celui que je souhaite pour mon enfant?

> Est-ce que je confonds «bonheur» et «prestige», ou encore «bonheur» et «performance»?

En fait, imposer ses ambitions à son enfant peut avoir des conséquences fâcheuses. Entre autres, l'enfant pourrait se rebeller et entrer dans une lutte de pouvoir, ce qui pourrait influencer ses choix d'une façon malsaine. D'autres enfants plus soumis pourraient se conformer aux désirs de leurs parents, pour ensuite réaliser avec regret et amertume qu'ils se sont oubliés eux-mêmes en faisant leurs choix.

Bref, si vous n'aviez qu'une seule chose à retenir de cette chronique, ce devrait être le fait que votre enfant est une personne à part entière, qui sera éventuellement complètement indépendant de vous. Il n'est pas votre prolongement... et c'est très bien ainsi! Lorsqu'il sera adulte, il doit pouvoir s'épanouir, être heureux et fier d'avoir fait de bons choix... SES choix.