Le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel a révélé, l'an dernier, qu'il prenait congé les mercredis après-midi pour aller chercher sa fille à la garderie. Jörg Asmussen, autre homme politique allemand, a quant à lui quitté le conseil de la Banque centrale européenne à Francfort pour se rapprocher de sa famille, à Berlin. Longtemps, les pères allemands se contentaient de mettre le pain sur la table; ils réalisent aujourd'hui qu'il faut aussi débarbouiller les enfants une fois le repas fini.

En Allemagne, un taux élevé (60%) de parents d'enfants de moins de 3 ans croient que la mère et le père devraient consacrer autant d'heures par semaine au travail rémunéré qu'à la famille. Mais à peine 14% disent y arriver en pratique, selon des données transmises à La Presse par le ministère fédéral allemand de la Famille, des Aînés, des Femmes et des Jeunes.

Sébastien Arbour, Québécois marié à une Allemande, a pris quelques mois de congé de paternité après la naissance de ses fils Jonathan, 2 ans, et Augustin, 1 an. «Créer un lien avec ses enfants, c'est important », souligne le trentenaire, qui vit au sud-ouest de Francfort.

De retour au boulot, il s'est fait apostropher par un professeur de l'université où il travaille. «Ah, vous êtes revenu de votre congé de maternité!», s'est exclamé le professeur, confondant maternité et paternité.

PERSONNE NE PEUT REMPLACER LA MÈRE

«En Allemagne, on estime encore que personne ne peut remplacer la mère, ce que j'observe moins au Québec, dit Jennifer Hille, Allemande vivant à Montréal. Toutes les mères allemandes que je connais se sentent coupables si elles vont chercher leurs enfants tard à la garderie. Tard étant entre 14h et 17h... Les attentes envers les pères sont beaucoup moins grandes.»

M. Arbour, qui a profité de ses congés pour parler davantage français à ses fils, ne regrette rien. Même s'il remarque que peu de ses collègues ont une progéniture - quoi de plus normal, dans un des pays ayant la plus faible natalité d'Europe. «Sur le marché du travail, on est en compétition avec un très grand nombre de personnes sans enfant, qui offrent une flexibilité beaucoup plus grande, observe-t-il. Ça rajoute de la pression.»