C'est le rêve (parfois secret) de bien des parents. Avec un peu d'encadrement et un brin de souplesse, Marie-Hélène Vallée et Hélène Brisebois ont réussi à relayer la tâche routinière des lunchs à leurs enfants. Loin de rechigner, les deux adolescentes affirment que leurs lunchs sont bien meilleurs que ceux de leurs parents !

Il y a deux ans, alors qu'elle étudiait de jour et travaillait de soir, Marie-Hélène Vallée peinait à trouver un peu de temps pour assembler le plus simple des sandwichs. À cause de son horaire chargé, la mère a donc demandé à sa fille alors âgée de 11 ans de commencer à préparer elle-même ses lunchs. Après quelques jours de pratique, Camille Gagnon s'est rendu compte que ses repas étaient bien meilleurs que ceux de sa mère !

« Parfois, quand ma mère me faisait des lunchs, elle me préparait un repas principal, mais elle ne pensait pas vraiment aux "à-côtés". Moi, je me choisis un yogourt, des légumes, des fruits. Ma mère, elle a même déjà oublié les ustensiles », raconte Camille, taquine.

À peu près au même âge, Marie-Jeanne Paquet avait déjà l'habitude d'ajouter des collations et de remplacer des aliments que ses parents avaient choisis pour elle dans sa boîte à lunch. Son esprit d'initiative a servi de levier, admet sa mère Hélène Brisebois.

« J'ai dit à ma fille : "Si tu es capable de changer tes lunchs, tu es capable de les faire" ! »

Au début, Hélène accompagnait sa fille dans la préparation de ses lunchs. Puis, lorsque le secondaire est arrivé et que le réveille-matin s'est mis à sonner plus tôt, Marie-Jeanne a décidé qu'elle était assez grande pour concocter ses dîners elle-même. Elle a proposé à sa mère de rester couchée au lieu de l'aider dans sa routine matinale. Une enfant modèle, vous dites ?

Pour être certaines que les lunchs soient complets et variés, la mère et la fille ont établi une règle : en plus du repas principal, Marie-Jeanne doit toujours remplir quatre petits contenants d'aliments différents comme du yogourt, du fromage, des fruits, des légumes coupés, etc.

Pour Mme Brisebois, qui a travaillé avec des adolescents aux prises avec des troubles alimentaires, cette consigne est particulièrement importante. « Je ne veux pas que mes enfants manquent d'aliments durant leur journée. C'est super important pour moi. C'est ce qui fait en sorte qu'ils se développent bien, qu'ils restent concentrés en classe et qu'ils font preuve de créativité. »

UNE PÉRIODE DE TRANSITION 

En fouillant dans les boîtes à lunch de Camille et de Marie-Jeanne, il n'y a aucune chance de tomber sur des plats surgelés ou des collations toutes préparées, car ce genre d'aliments n'atterrit jamais dans le panier d'emplettes de leur mère. Peu importe, les deux adolescentes affirment qu'elles ne voudraient même pas manger ce genre de mets, même s'ils leur étaient offerts !

Avant de se rendre à l'épicerie, Marie-Hélène et Hélène demandent tout de même à leurs filles ce qu'elles ont envie de manger et de quoi elles ont besoin pour compléter leurs repas. Même si elles ne sont plus responsables des lunchs, les deux mamans essaient tout de même de simplifier la vie de leurs filles.

Souvent, le dimanche, Marie-Hélène coupe divers légumes qu'elle conserve dans un grand plat au réfrigérateur. Tout au long de la semaine, Camille peut piger dans le contenant pour garnir son lunch.

Marie-Jeanne, elle, demande parfois du renfort à son père lorsqu'elle a des travaux scolaires à terminer tard le soir. Pour l'aider, il lui dresse une liste précise des aliments qu'elle pourra prendre avant de quitter la maison pour l'école. « Ça me fait économiser du temps puisque je n'ai pas besoin de réfléchir à mon lunch. Mon père a choisi les collations. Il ne me reste qu'à les mettre dans ma boîte », explique-t-elle.

Maintenant que les filles sont de vraies habituées, leurs mères ne sentent plus le besoin de vérifier systématiquement le contenu des boîtes à lunch. Et pour cause !

L'année dernière, deux nutritionnistes se sont présentées à la cafétéria de l'école de Camille pour inspecter les boîtes à lunch de tous les élèves. « Mes amis avaient tous des trucs déjà faits comme des plats congelés. Moi, j'avais du saumon, des légumes, du fromage, du quinoa et un jus de légumes. Les deux nutritionnistes ont dit aux autres de prendre exemple sur moi, car mon lunch était beau », raconte la jeune fille, qui a rougi devant tous ses camarades d'école.

Mais à bien y penser, ce sont plutôt les amis de Camille qui auraient dû rougir devant son lunch exemplaire.