Est-ce nécessaire de le répéter ? Nos enfants sont trop organisés. Leurs horaires ? Trop structurés. Une étude démontre une fois de plus que moins ils en font, mieux ils s'en sortiront. C'est ici que vous pouvez virer tous ces cahiers d'exercices achetés en prévision de la rentrée...

On le sait, plusieurs recherches ont déjà démontré l'importance du jeu libre, contrairement aux activités structurées, dans le développement des compétences sociales, l'imagination, la débrouillardise, l'autonomie, même la confiance en soi des petits. Or, voilà qu'une toute première enquête s'attaque à l'impact de l'ensemble des activités non structurées, que ce soit les pique-niques, les fêtes, ou même le simple fait de regarder la télé, sur le contrôle cognitif des enfants.

Le quoi ? Le contrôle cognitif, ou encore les fonctions cognitives ou exécutives du cerveau, celles-là mêmes qui permettent, ou non, d'adapter notre comportement à un environnement changeant.

« Le contrôle cognitif, c'est ce qui nous permet d'atteindre nos objectifs. » - Jane Barker, étudiante au doctorat en psychologie à l'Université du Colorado

Sans contrôle cognitif, le comportement demeure rigide et inflexible, systématique et instinctif. C'est donc précisément grâce au contrôle cognitif que le comportement s'adapte au changement, que l'on trouve des stratégies pour atteindre un objectif donné, bref, qu'on atteint nos buts, qu'il s'agisse de lire dans un environnement bruyant (tout en restant concentré), de répondre à une question dans une classe (en levant la main et non en criant), ou de mener à bien une recherche (en planifiant les différentes étapes du travail, au lieu de se lancer dans toutes les directions sans organisation).

Vous nous voyez venir ? C'est bien évidemment ces fonctions qui prédisent généralement le succès scolaire, la réussite professionnelle, etc.

ESSENTIEL AU DÉVELOPPEMENT

Les enfants, tout particulièrement, ont bien du mal avec ces fonctions exécutives. On le sait et on le vit, la routine, les habitudes, ils aiment. « Les enfants sont très attachés à leurs habitudes, ils ont de la difficulté avec leurs fonctions exécutives ; or, elles sont essentielles à leur développement », signale Jane Barker, étudiante au doctorat en psychologie à l'Université du Colorado et auteure principale d'une étude sur la question, publiée tout récemment dans le journal Frontiers in Psychology.

Dans son enquête, son équipe a cherché à mesurer l'efficacité de ces fonctions. Pour ce faire, on a soumis 70 enfants de 6 ans à un test d'efficacité verbal. En gros, on a demandé aux enfants de nommer, en 60 secondes, le plus grand nombre d'animaux possible. « Les enfants les plus organisés vont répondre en divisant les animaux par familles. Ils vont d'abord citer les animaux de ferme, puis les animaux domestiques, etc. Les enfants moins organisés vont aller dans toutes les directions, dit-elle. Mais ce qui est fascinant, c'est que ceux qui utilisent la stratégie des familles sont du coup plus efficaces et plus productifs. Ce sont eux qui nomment le plus grand nombre d'animaux. »

Et qui sont ces enfants, précisément ? Sans surprise, ce sont ceux qui, par ailleurs, passent le moins de temps dans des activités structurées. Ce ne sont pas les petits inscrits au soccer, aux cours de violon, ou encore au rattrapage scolaire tout l'été. Ce sont plutôt ceux qui semblent passer le plus de temps à ne rien faire, justement, à lire, dessiner ou jouer.

L'OEUF OU LA POULE

De là à dire que l'apparente oisiveté serait plus bénéfique à long terme que les activités structurées, il y a un pas que la chercheuse refuse encore de franchir. Pour l'instant. L'enquête doit être poursuivie, dit-elle. « Ce n'est qu'une première étude. Nous devons la reproduire. »

Car une question demeure : les enfants qui ont plus de temps libres développent-ils, ce faisant, ce contrôle cognitif, ou est-ce parce qu'ils ont ce contrôle qu'ils font davantage d'activités libres ? « Il faut investiguer davantage. »

Autre question : se pourrait-il que les activités libres soient bénéfiques à certains âges, et moins à d'autres ? « Peut-être que les adolescents bénéficient davantage de cette structure. Nous n'avons pas regardé cette question. »

Ne désinscrivez donc pas vos enfants de toutes leurs activités de l'été tout de suite. Pas encore, du moins...