Alors que s'amorce aujourd'hui la Semaine de la famille, deux sondages commandés par le Réseau pour un Québec Famille montrent que les employeurs ont encore du pain sur la planche afin d'aider les parents à trouver un équilibre entre leur vie professionnelle et familiale.

Le premier sondage, mené en ligne du 3 au 16 avril par Léger auprès de 490 Québécois, révèle que 67% des travailleurs ne sentent pas que l'entreprise où ils travaillent fait des efforts pour faciliter la conciliation travail-vie privée.

«Quand on organise des conférences et des ateliers, les gens nous disent régulièrement qu'ils sont débordés», souligne Marianne Roberge, présidente de KOEVÄ, un organisme spécialisé en conciliation travail-famille.

«Les femmes ont des responsabilités de plus en plus grandes au travail, mais elles s'occupent encore de la majorité des tâches à la maison. Et avec toutes les activités des enfants, les parents ont de moins en moins de temps pour eux. Ça finit par miner leur moral», ajoute-t-elle, en entrevue avec La Presse.

Selon les recherches de la Dre Diane-Gabrielle Tremblay, titulaire de la chaire de recherche du Canada sur les enjeux socio-organisationnels de l'économie du savoir, le soutien organisationnel de l'employeur est primordial dans la conciliation travail-famille, notamment par le télétravail et des horaires flexibles et variables.

«Contrairement aux craintes de plusieurs employeurs, note au bout du fil la Dre Tremblay, les recherches montrent que les employés sont plus engagés et plus productifs en télétravail parce qu'ils sont reconnaissants à leur employeur.»

Le pourcentage d'employés qui en bénéficient n'a pourtant pas augmenté autant qu'on s'y serait attendu au cours des dernières années: il oscille toujours entre 5 et 8 %, précise-t-elle.

Mais quelque 20 % des employés parviennent quand même à travailler de chez eux en rapportant du travail à la maison.

Salutaire, la garde partagée?

Le deuxième sondage en ligne, mené du 16 avril au 6 mai auprès de 423 Québécois, montre de son côté que les personnes qui ont des enfants en garde partagée se tirent d'affaire plus facilement en matière de conciliation travail-famille.

Dans les familles unies, 63 % des répondants affirment que leurs responsabilités familiales les empêchent de prendre suffisamment de temps pour eux, et 61 % disent que leur travail réduit le temps qu'ils peuvent consacrer à ces responsabilités. Seulement 45 % des répondants qui ont des enfants en garde partagée sont d'accord avec chacune de ces questions.

«C'est normal, relève Diane-Gabrielle Tremblay, car le fait d'être célibataire une semaine sur deux permet par exemple de travailler plus lorsque les enfants ne sont pas à la maison. Mais ça ne veut pas nécessairement dire que c'est mieux de se séparer!»

Méthodologie

Les résultats de ces deux sondages ont été pondérés selon le sexe, l'âge, la langue maternelle, les régions et la proportion de familles traditionnelles afin de refléter la population adulte du Québec. Les répondants devaient être parents d'au moins un enfant de moins de 6 ans et travailler à temps plein.

- 67% des travailleurs ne sentent pas que leur employeur fait des efforts pour faciliter la conciliation travail-vie privée.

- 73% des travailleurs se sentent coupables lorsqu'ils donnent priorité à leur travail au détriment de leurs responsabilités familiales.

- 43% des travailleurs sentent que leur employeur s'attend à ce qu'ils donnent priorité à leur travail.