Les enfants en bas âge demandent beaucoup d'attention, et la charge des parents surinvestis est énorme. Le manque de sommeil, les journées chargées entre la garderie et l'école, l'inquiétude, le travail, la préparation des repas et les nombreuses activités font en sorte que tous les parents manquent d'énergie ou sont carrément épuisés. Sont-ils condamnés à être fatigués?

Regardez autour de vous. Le cheveu hirsute, le regard alourdi par les cernes: bienvenue dans le monde des parents qui ont des enfants de 0 à 8 ans.

« Non, les parents ne sont pas condamnés à être fatigués. Chacun doit faire du travail sur soi parce qu'on se laisse trop vite prendre dans un tourbillon sans fin. Oui, les horaires sont chargés et les parents livrent une course contre la montre où la fatigue arrive très fréquemment. Il reste qu'il y a des solutions. Il y a des petites choses qu'on peut faire pour mieux contrôler sa fatigue », affirme Francine Ferland, ergothérapeute et auteure de Pour parents débordés et en manque d'énergie, paru aux éditions du CHU Sainte-Justine.

Il faut distinguer la fatigue physique de la fatigue mentale. Avoir toujours en tête de trop nombreuses préoccupations est extrêmement épuisant pour les parents. « Le surmenage et la dépression, c'est à cause de la fatigue mentale. Ça parasite le cerveau d'avoir trop de choses en tête. Dans ce cas, il faut prendre des notes pour se décharger de nos pensées négatives. Quand on fait de l'exercice et qu'on se dépense beaucoup, on se sent régénéré physiquement, mais ce n'est pas le cas pour la fatigue psychique, car les émotions et les pensées négatives peuvent nous envahir », explique Francine Ferland.

Placer la barre trop haute

« Quand on mesure le taux de bonheur des gens, il y a une baisse générale du taux dans les familles qui ont de très jeunes enfants, affirme la psychologue Marie Andersen. C'est lié à la lourde charge qu'imposent les tout-petits à leurs parents. C'est fatigant, bien sûr, mais c'est aussi dur sur le couple. Quand les enfants grandissent, la liberté est plus grande et ça se répercute sur le bonheur. Les enfants, on s'en occupe plus, on s'en préoccupe beaucoup plus, on les chouchoute davantage. C'est devenu une charge énorme. »

Les parents se plaignent de toujours manquer de temps. Les attentes sont-elles trop élevées ou les parents en font-ils trop? « On a beau avoir de jeunes enfants, mais on veut que la maison soit impeccable, que les repas soient soignés, les desserts faits maison et que les enfants soient bien élevés. La barre est haute et la pression sociale est énorme par rapport à leur réussite. Dès que l'enfant déroge un tout petit peu, qu'il tire encore les cheveux à un âge où il ne devrait plus le faire, tout de suite, on va se faire un sang d'encre et les parents se sentent coupables et jugés », soutient Francine Ferland, qui estime que les parents se mettent beaucoup de pression, mais qu'ils en subissent aussi de l'extérieur.

Le rythme de vie s'est accéléré par rapport à autrefois et la fatigue est plus grande, puisque les parents sont toujours à la course. Il ne faut pas hésiter à réduire la cadence et à baisser les exigences d'un cran. « Tout le monde travaille et le niveau de stress est plus élevé. On serait censé se dire que tout est plus simple avec tous les outils dont nous disposons, que ce soit le four à micro-ondes, le lave-vaisselle, la machine à laver le linge. Toutes ces inventions nous aident, mais finalement, on n'a pas plus de temps et on n'est pas plus reposés », conclut Francine Ferland.