Animateur et comédien

Enfant, Joël Legendre faisait un rêve récurrent: on frappait à la porte et on déposait pour lui un enfant dans un panier. «J'ai souvent raconté ce rêve à ma mère, alors quand je lui ai annoncé que j'adoptais un garçon en Chine, elle n'est pas tombée en bas de sa chaise.» Il rêve aujourd'hui d'élargir sa famille. «Mon projet le plus fou est de donner un frère ou une soeur à mon fils. C'est dans mon coeur.»

En attendant, Joël Legendre élève seul son fils âgé de 9 ans. «Les pères seuls sont moins nombreux, mais ne sont pas plus héroïques que les mères seules. C'est le même combat. La différence, c'est que j'ai fondé une famille monoparentale de plein gré, je savais que je serais le seul parent officiel. La clé? C'est l'organisation.»

Pendant les préparatifs du Bye-bye 2011, il a demandé le plus tôt possible les horaires de tournage. «On est toujours dans le futur, jamais dans le présent. » Sauf exception, son horaire est plutôt régulier. «J'enregistre une saison de Paquet voleur en sept jours, je fais de la radio de 8h30 à 13h. Je suis toujours là pour reconduire mon fils à l'école et aller le chercher. Quand je dois travailler intensément, mon fils est super content de se faire garder et de passer du temps avec mon conjoint. Ça leur permet de développer une relation privilégiée. Ce n'est pas vrai que les parents doivent toujours être là, c'est se donner plus d'importance qu'on a.»

Les parents homosexuels sont-ils bien acceptés? «Un enfant ne veut que de l'amour, ça ne fait pas de différence si ses parents n'entrent pas dans le moule, qu'ils soient hétérosexuels ou homosexuels. À l'école de mon fils, il y a un parent transgenre. On voit dans le regard des parents que ça dérange. Mais vous devriez voir sa fille quand elle saute dans ses bras. Les préjugés s'estompent instantanément.»

La plus grande difficulté des parents aujourd'hui? «La pression d'être des parents parfaits.  Je me suis rendu compte que j'animais trop mon enfant. Ça commence avec Baby Einstein à un an et ça ne finit plus. Avant, on avait la pression de nourrir nos enfants. Aujourd'hui, on est plus carriériste, l'argent ne nous inquiète pas, c'est l'éducation. On veut lui donner toutes les chances, on l'inscrit à six cours. On oublie que l'ennui est important, c'est de cette façon que j'ai développé mon imaginaire.»

Être parent n'était pas plus facile dans le passé, croit l'artiste. «Élever un enfant, ça restera toujours complexe et simple à la fois. Tu revis ta propre enfance, tu prends et tu laisses ce que tes parents t'ont montré. C'est un questionnement constant.» Depuis quelques mois, son fils n'a le droit de regarder la télévision qu'en anglais. Il lui en veut. «Me reprochera-t-il un jour d'être bilingue? Non, alors j'assume.»

Il voit son rôle de parent comme celui d'un guide. «C'est accompagner l'enfant dans les différentes étapes de sa vie. J'essaie de prêcher par l'exemple. Mon fils est venu avec moi à l'hôpital dans le cadre du Téléthon Enfant-Soleil. Il a vu la maladie et il m'a dit qu'il voulait donner quelque chose. Mon père était doux et généreux, mon grand-père aussi. je souhaite perpétuer ça dans la famille Legendre.»