Le hasard fait parfois bien les choses. C'est en faisant ma recherche pour le dossier sur la conciliation famille-travail publié ici que je suis tombée sur ce titre, fort approprié: À contretemps. Gérer moins, vivre mieux, sur l'art non plus de gérer son temps, mais de bien le vivre. Une fois pour toutes. Tiens, tiens, comme ça tombe bien...

L'occasion était donc trop bonne, et j'ai voulu en savoir plus. Sans surprise, l'auteure de l'ouvrage publié chez Fides, Christine Lemaire, ex-femme de carrière désormais auteure, s'est rendu compte, un jour, après avoir posé son fiston de quelques mois aux petites heures à la garderie, pour le récupérer à la nuit, malade comme un chien en prime (bonjour la culpabilité), que sa vie était devenue un «non-sens». «C'est absurde. J'ai fait un enfant et je vais le voir seulement deux heures dans ma journée!» Et ainsi s'est entamée sa réflexion sur le temps...

Ce qui est intéressant, c'est que l'auteure aborde ici la question du temps sous l'angle de la gestion, et ce, à fort juste titre: elle est elle-même issue du monde de l'administration des affaires, et a travaillé plusieurs années en vente et marketing. Le saviez-vous? Nous avons aussi tous tendance à «gérer» ainsi notre temps. Quelle erreur, dit-elle. Car nous gérons du coup notre vie privée comme notre vie professionnelle, avec des objectifs quantifiables, des délais à respecter, des résultats escomptés. D'où l'épuisement. Et d'où la culpabilité. En effet, si nous n'y arrivons pas, sommes-nous pour autant de mauvais parents?

«Quand on arrive dans tout ce qui est relationnel, être disponible pour nos enfants, les éduquer, cela devient beaucoup plus bancal, parce qu'il n'y a pas de résultats concrets! Cela nous fait perdre pied.» Pas surprenant, dit-elle, qu'il soit plus facile de gérer un après-midi au cinéma avec notre enfant que de «passer une journée» tout simplement avec lui. «On est toujours en train de faire des affaires, parce que c'est ce qu'on sait faire! déplore-t-elle. C'est pour ça qu'on est essoufflés et qu'on se sent coupables. On a une vision d'entreprise, selon laquelle on doit faire des choses, toujours plus en moins de temps!»

Mais est-ce que c'est ça, la vie de famille? Évidemment... non. D'où l'importance, croit-elle, d'être présent là, maintenant, en faire moins, mais mieux, et, surtout (surtout!), valoriser autant sa vie professionnelle que personnelle, aussi improductive soit-elle.

Non, ce ne sont pas là des suggestions révolutionnaires. Mais avouez qu'elles ont le mérite de remettre en perspective notre manque de temps...

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Le fameux guide du Dr Yves Lamontagne, Être parent dans un monde de fous, aux éditions Guy Saint-Jean, revient en librairie ces jours-ci dans une nouvelle version revue et améliorée, avec, notamment, des conseils entourant les questions de la cyberintimidation, de l'internet et des réseaux sociaux. Un livre qui se veut inspirant et non directif, complice et, surtout, optimiste. À lire.