Les hommes participent nettement plus aux soins aux enfants et aux tâches ménagères, au point où l'engagement des nouveaux pères fait parfois sourciller leurs propres parents habitués à d'autres modèles. En est-on arrivé à une situation égalitaire, ou jusqu'à quel point s'en approche-t-on?

Chez Catherine et chez Éric*, qui ont un garçon au secondaire et une fille au primaire, les tâches se sont réparties selon une division très nette: elle s'occuperait de tout ce qui est intérieur, lui, de tout ce qui est extérieur, ce qui comprend aussi l'épicerie, les affreuses tournées dans les grandes surfaces et les matchs de soccer. Au départ, ça arrangeait Catherine: les allées bondées de monde, très peu pour elle. La répartition semblait logique au début, moins aujourd'hui, pas mal moins. «Le soccer, c'est deux fois par semaine, mais les repas, c'est trois fois par jour, sept jours par semaine.»

Certaines autres tâches lui incombent aussi parce que, d'une part, son mari travaille plus d'heures qu'elle à l'extérieur et, d'autre part, parce qu'elle refuse net de déléguer certaines choses, notamment les visites chez le pédiatre. «Je veux contrôler cela, parce que je connais mieux l'historique médical des enfants et parce que je doute que mon mari pose autant de questions que moi au médecin.»

Par contre, quand ils étaient petits, c'est Éric qui mettait les enfants au lit, leur chantait des chansons, leur lisait des histoires. «Pour tout cela, il est plus patient que moi», reconnaît volontiers Catherine.

Sylvain, dont la conjointe est médecin, n'a pas pris la question à la légère. Quand on lui a demandé comment cela se passait chez lui, il s'est lancé pour nous dans un fichier précis à la décimale près, avec un pourcentage attribué à chacun pour telle ou telle tâche liée aux soins des enfants. Sa conclusion: il fait exactement 55,33% des tâches et sa conjointe, 44,67%!

Pour de nombreux couples interrogés, les conflits autour de la répartition des tâches ont été nettement réduits par la décision d'avoir une gardienne à la maison.

Le point de vue de l'école

Josée, qui est enseignante, relève aussi à quel point la période de devoirs à l'école est populaire auprès des parents de son institution - parce qu'ils rentrent tard du boulot, parce que la gardienne à la maison ne parle pas français, parce qu'eux-mêmes ne le parlent pas ou parce qu'«ils sont simplement épuisés de se battre avec Léo et Léa qui ne veulent plus toucher à un crayon après l'école».

Pas plus facile à gérer à l'école, cette période de devoirs, dit-elle. «La concentration étiolée et le sentiment d'être un peu punis, par rapport à ceux qui partent plus tôt, épuisent les forces restantes, pour les adultes comme pour les enfants!»

Quand un enfant est malade à l'école, dit Josée, «dans 75% des cas, c'est la maman qui vient le chercher». Mais ce n'est pas si rare non plus que les parents «demandent de laisser l'enfant se reposer à l'école jusqu'à 18h30, quitte à ce que le concierge ramasse le vomi du pupitre, dans la cafétéria ou dans le lit installé dans une petite salle».

* L'anonymat des interviewés a été préservé pour éviter les disputes de couple!