Qu'est-ce qui empêche l'identification à un groupe d'amis de se transformer en ostracisme? C'est la question que se pose un nombre grandissant de psychologues, et qui était débattue cette semaine au congrès annuel de la Société de recherche sur le développement de l'enfant.

«Certains chercheurs pensent qu'une préférence pour les membres d'un groupe pose toujours problème», explique Melanie Killen, une psychologue de l'Université du Maryland qui organisait un atelier sur cette question au congrès. «Que même s'il n'y a pas d'ostracisme déclaré, il y aura plus tard des conséquences: on va favoriser les gens qui proviennent du même milieu social, qui sont de la même religion, de la même race, ou tout simplement ses amis, au détriment d'autres personnes.»

D'autres sont plus circonspects. «Pour moi, préférer la compagnie de gens du groupe auquel on s'identifie est l'équivalent d'aimer mieux aller au restaurant italien qu'au restaurant chinois», explique Andrew Newsdale, psychologue de l'Université de l'Australie-Occidentale.

Environ un enfant sur cinq a tendance à s'identifier fortement à un groupe social, au point de refuser de parler ou d'étudier avec les autres enfants, selon Mme Killen. «C'est particulièrement vrai au milieu de l'adolescence. Le pic est à 14 ans. Et les personnes des groupes sociaux ayant un statut élevé, les riches, les membres du groupe ethnique dominant, les garçons ou les filles très populaires, ont plus tendance à passer de l'identification à l'ostracisme.»

Que peuvent faire les parents? «S'assurer que leurs enfants fréquentent des gens de milieux variés, dit Mme Killen. On ne peut pas influencer leurs amitiés à l'école, mais on peut insister pour qu'ils aient des activités variées, ou alors fréquenter des gens qui ont des enfants différents.»