Après presque cinq ans de CPE dans le corps, un nouvel écolier fait-il vraiment un grand saut à son entrée à la maternelle? Oui, répond Josée Rochefort, conseillère pédagogique à la Commission scolaire de la région de Sherbrooke. Ce passage demande une acclimatation aux enfants.

À son entrée à l'école, l'enfant fera face à un milieu inconnu, de nouvelles règles et plusieurs nouvelles personnes à connaître, explique Mme Rochefort. «Le CPE s'avère un milieu sécurisant que l'enfant connaît bien. On y trouve un adulte pour huit enfants, alors qu'à la maternelle, il y a un professeur pour 20 enfants dans certaines classes. Le nombre de personnes avec qui l'enfant devra collaborer est beaucoup plus élevé.»

Le simple fait de traverser une cour d'école est une grande expérience pour des bambins de cinq ans. Habitués de dominer la garderie, les nouveaux écoliers doivent soudainement lever la tête pour traverser une marée humaine survoltée, du quai d'autobus jusqu'à leur classe.

«Nos écoles sont beaucoup plus vastes qu'un Centre de la petite enfance. Certaines d'entre elles contiennent jusqu'à 600 élèves. Cela fait une masse de gens et de grands espaces à apprivoiser pour les nouveaux enfants», souligne la conseillère pédagogique.

Autre différence: les périodes de repas. Finie l'époque des repas chauds découpés et servis par l'éducatrice et pris en petits groupes. Voilà désormais les grandes cafétérias, souvent bruyantes, où l'on doit faire la file avec son cabaret ou sa boîte à lunch.

Ce n'est pas tout. Il y a aussi le fameux autobus jaune où les petites têtes dépassent à peine des bancs. Sur certains circuits campagnards, les écoliers du préscolaire font partie du même voyage que les grands adolescents du secondaire. Plutôt intimidant'

«Les parents peuvent aller faire un tour de ville en autobus pour montrer à leur enfant la différence avec une voiture. Ils peuvent aussi présenter leur enfant au chauffeur de l'autobus scolaire et demander qu'il puisse s'asseoir dans les premiers bancs. À défaut d'un grand frère ou d'une grande s'ur, on peut demander à un écolier plus vieux de parrainer son enfant dans l'autobus», suggère la conseillère.

Enfin, avec un début de classe à 8 h dans certaines écoles, les journées sont particulièrement longues. «Surtout pour les enfants qui fréquentent le service de garde jusqu'à 17 h», rappelle Mme Rochefort.

Comment alors aider son enfant à faire cette transition? «Il faut être à l'écoute et observer son enfant», répond Mme Rochefort en soulignant les signes de fatigue et d'irritabilité. Une heure régulière de coucher, l'habitude d'aller jouer dehors et une saine alimentation (trois bons repas et deux collations) procurent à l'enfant l'énergie nécessaire à une bonne journée.

La conseillère pédagogique souligne qu'une présence de qualité auprès de l'enfant est nécessaire. «Les parents ne doivent pas non plus se gêner de poser des questions à l'enseignant», déclare-t-elle.