En 1987, Cora Tsouflidou achète un casse-croûte désaffecté, à Ville-Saint-Laurent, qu'elle transforme avec succès en restaurant de petits-déjeuners. Rapidement, le petit établissement de Côte-Vertu fait salle comble. Les trois enfants de la patronne quittent l'école pour lui venir en aide. La chaîne compte aujourd'hui 100 restaurants au Canada.

«J'ai toujours géré mon entreprise comme la mère de famille monoparentale que j'étais, avec un grand souci d'économie. J'ai enseigné aux enfants, je les ai encouragés et disputés quand il le fallait. Je prenais soin de tout, y compris de l'harmonie des membres de la famille», raconte la charismatique Cora.Dès le début, son fils Nicholas a travaillé sans relâche à ses côtés. «Il venait passer le balai tous les jours après l'école, raconte sa mère. Il a été laveur de vaisselle, cuisinier, formateur, responsable des ouvertures, directeur de l'exploitation. Je l'ai toujours informé de toutes les décisions que je prenais.» Nicholas est le seul de ses enfants qui a continué à travailler pour l'entreprise maternelle.

Il y a deux ans, Cora a décidé qu'il était temps pour elle de s'effacer et de nommer son fils président. «J'ai pensé que c'était une excellente chose de donner à mon garçon la chance de s'épanouir à la tête de l'entreprise.»

Nicholas lui est très reconnaissant. «Ma mère m'a appris comment travailler, à toujours pousser plus loin. On est capable de faire beaucoup si on y croit. Elle a un leadership extraordinaire. Elle dit qu'il faut regarder droit devant et penser positif. J'essaie de garder cette approche en affaires. Si on conduit en regardant le fossé, c'est là qu'on va se retrouver.»

Cora Tsouflidou reste présente dans l'entreprise à titre de conseillère. «Je suis les petites roues de la bicyclette. Je suis là au besoin, mais j'ai confiance. Nicholas a une patience 10 fois supérieure à la mienne, il a la capacité de faire confiance à son monde, il n'est pas nerveux. Il est très solide.»

«J'adore travailler avec ma mère, confie le nouveau président. C'est à elle que je peux demander le conseil le plus vrai, le plus sûr. Elle regarde les choses d'un angle différent du mien, on se complète bien.» S'il y a des accrochages, ça ne dure pas. «On veut tous deux le bien de l'entreprise. Et comment pourrais-je rester fâché contre ma mère ? C'est la personne que j'aime le plus au monde !»