Vrai, les Françaises ont un taux de fécondité quasi inégalé dans le monde occidental, avec 1,94 enfant par femme. Vrai, elles ont aussi un taux d'activité très élevé, à 80%. Mais, surprise, les Québécoises sont désormais encore plus actives qu'elles, tout particulièrement quand elles ont de jeunes enfants.

C'est ce qui ressort d'un nouvel ouvrage comparatif entre les deux pays, Concilier travail et famille, le rôle des acteurs France-Québec, publié aux Presses de l'Université du Québec.

 

Premier constat: le taux d'activité des Françaises ayant de jeunes enfants de moins de 3 ans était de 60% en 2003, par rapport à 73% au Québec. Les enfants grandissant, l'écart se réduit, mais les Québécoises demeurent malgré tout plus actives: ainsi, le taux d'activité des Françaises ayant des enfants de 3 à 6 ans passe à 74%, par rapport à 77% au Québec. En fait, le taux d'activité des Françaises baisse fortement (chutant de 20 points), lorsqu'elles passent de un à deux, puis de deux à trois enfants.

Diane-Gabrielle Tremblay, codirectrice de la publication, et professeure d'économie et de gestion à la Téluq de l'UQAM, s'est dite surprise de constater à quel point en France, la garde des jeunes enfants reposait sur le dos des mères. Si les enfants entrent à l'école à 3 ans, faute de «crèches» en nombre suffisant, «entre 0 et 3 ans, c'est beaucoup plus souvent les parents, typiquement les femmes, ou encore la famille élargie, qui s'occupent des enfants, dit-elle. Au Québec, le rôle très important des services de garde fait que le taux d'activité des femmes est assez élevé.»

Le taux d'activité des mères françaises augmente avec leur taux d'obtention d'un diplôme. Si elles travaillent dans une proportion de 78% quand elles n'ont aucun diplôme (quel que soit l'âge de leur enfant), ce chiffre grimpe à 94% si elles ont un diplôme d'études supérieures.

Autre constat: le travail dit «domestique», demeure, en France comme ici, encore du ressort des femmes, qui y consacrent près de deux fois plus de temps que les hommes (à 69% en France, et 61% ici). Si la répartition est plus égalitaire ici, les auteurs confirment que c'est parce que les pères assument une part plus importante des tâches, mais aussi parce que les mères québécoises travaillent davantage. En clair: le partage des tâches est plus équitable lorsque les deux parents travaillent à temps plein.

La popularité du congé de paternité pourrait changer la donne et pousser vers encore plus d'équité. L'apparition du congé paternel (de trois à cinq semaines ici, et de deux semaines en France) a déjà un succès incontestable, confirme l'ouvrage: en 2006, 40% des pères québécois ont pris les semaines qui leur étaient réservées. L'année suivante, 60% s'en sont prévalus (alors que seuls 14% des pères canadiens prennent une partie du congé parental prévu au régime canadien). En France, entre 2003 et 2004, les deux tiers des pères concernés en ont bénéficié. «On sait que cela a ensuite un impact sur la participation des pères, souligne Diane-Gabrielle Tremblay. Ce sont des pères qui vont s'occuper davantage des enfants.» À suivre.