Cela a tout l'air d'un banal cadeau pour nouveau-né. Une pochette rose ou bleue, contenant pyjama, couverture, bonnet et pantoufles. Sauf que ce cadeau pour nouveau-né est tout sauf banal. Car il ne servira pas qu'au bébé à qui il est destiné. Il permettra à d'autres, moins gâtés, de partir aussi du bon pied dans la vie.

La pochette, signée Assistance maternelle, disponible pour l'instant dans quelques magasins seulement (Bummies, Bleu Nuit, Literie Toudou) fait partie d'une campagne plus vaste d'autofinancement de l'organisme à but non lucratif qui, depuis près de 100 ans, vient en aide aux femmes enceintes dans le besoin. Lire: pauvres et sans ressources,pour la plupart immigrantes.

En bref, chaque pochette vendue servira à financer la confection d'un petit trousseau pour nouveau-né démuni. On ne parle pas ici d'une pochette cadeau, mais d'un trousseau, un vrai, pour répondre à une nécessité. Un «kit de départ», quoi, avec serviette, savon, bonnet, couverture, draps, quelques pyjamas, camisoles et bavoirs. Le genre de truc que ses copines offriraient à la future maman. Ou encore la famille, ou les collègues de travail. Sauf que ces femmes ciblées, référées par les CLSC, n'ont pas de copines ici. Encore moins de famille ou de collègues de travail. Et elles n'ont rien. Souvent elles ont moins que rien.

«Ici, neuf femmes sur 10 sont immigrantes. Ces femmes-là viennent d'arriver. Elles n'ont personne vers qui se tourner, a raconté cette semaine Marie Guilmette, chargée de projets, rencontrée dans le sous-sol de l'église Saint-Viateur, le quartier général de l'organisme. On entend toutes sortes d'histoires. Plusieurs ont laissé des enfants dans leur pays d'origine.» Imaginez leur désarroi.

Depuis près d'un siècle, l'organisme Assistance maternelle roule sur les intérêts de la fortune de sa fondatrice, une certaine Caroline Hamilton, veuve d'un riche homme d'affaires. En 1912, la dame s'est lancée dans la bienfaisance, en ouvrant des dispensaires pour les «mères nécessiteuses», essentiellement, à l'époque, des mères québécoises de plus de sept enfants, vivant dans une extrême pauvreté. Ici, elles recevaient les premiers soins, une layette pour leur bébé, même du charbon pour chauffer leur maison. Avec les années et l'apparition de la carte soleil, la mission médicale de l'organisme a disparu. Mais la vocation vestimentaire est demeurée.

«Nous fonctionnons encore avec le capital d'origine, mais de moins en moins», explique Marie Guilmette. D'où la campagne d'autofinancement. Résultat: chaque pochette vendue en magasin (100% faits au Québec: les pyjamas sont signés Coccoli et tout le reste est confectionné par l'entreprise d'insertion Petites Mains) servira à financer une autre pochette, un peu moins coquette, certes, mais drôlement plus salutaire. Cette année, on espère rejoindre 2000 mères dans le besoin.

Pourquoi si peu de Québécoises ? «Je pense que c'est parce que les Québécoises ont déjà un réseau, une soeur, une belle-soeur vers qui se tourner», avance Marie Guilmette.

Quand elles arrivent à leur tour à Assistancematernelle, qu'elles viennent d'Iran, du Pakistan ou du Maghreb, ces mères se trouvent, elles aussi, un petit début de réseau. «Et elles nous remercient tellement. Parce que pour elles, la trousse, c'est beaucoup plus qu'une couverture ou un bonnet. C'est un signe de bienvenue.»

POUR AIDER À VOTRE TOUR

Vous voulez aider? Assistance maternelle est toujours à la recherche de bénévoles ou de tricoteuses, et accepte même les dons de toutous et de vêtements usagés pour enfants de 0 à 5 ans. Pour en savoir plus et connaître l'ensemble des points de vente de la pochette, visitez le site: www.assistancematernelle.com