Non mais, pourquoi ton prof ne t'a pas donné une meilleure note? Et pourquoi ce commentaire, là? Est-ce qu'il t'a vraiment dit ça?

Avis aux parents les mieux intentionnés: c'est souvent vous, en voulant trop bien faire pour votre enfant, qui avez tendance à être les plus intrusifs. Du coup, vous mettez en péril toute saine communication entre vous et l'enseignant de votre enfant.

 

Ouille! C'est pourtant l'essentiel du message que livrera ce soir Rose-Marie Charest, la présidente de l'Ordre des psychologues, dans un discours au CHU Sainte-Justine, portant sur l'art de la communication entre parents et enseignants.

Vrai, c'est davantage du désengagement des parents face à l'école que l'on a entendu parler dernièrement. Des parents qui ne s'engagent plus comme avant. Qui laissent l'école élever leurs enfants. Mais Rose-Marie Charest croit que le surengagement a quant à lui été sous-estimé. D'où son intervention publique de ce soir. «Les parents peuvent manquer le bateau parce qu'ils ont trop à coeur le bien-être de leur enfant», nous a-t-elle expliqué plus tôt cette semaine, en entrevue.

Attention, danger. «On a l'illusion, parce qu'on a juste le nombre d'enfants qu'on souhaite, qu'on peut tout contrôler, dit-elle. Mais il faut se rendre compte que nos enfants ne nous appartiennent pas. Ils vont avoir des influences autres que la nôtre.»

Les plus intrusifs ont souvent tendance à être les parents qui n'ont pas eu la chance de faire des études. Des parents qui voudraient tant voir leur enfant réussir, là où eux ont échoué. «C'est important, les résultats scolaires, souligne-t-elle. Mais il faut permettre à chaque enfant de devenir lui-même, et non de grandir pour correspondre à une image.»

Afin d'établir ce qu'elle qualifie de «troisième lien» entre l'école en tant qu'institution et la famille, la psychologue propose quelques pistes pratiques aux parents. À garder en mémoire, avant de sauter sur le téléphone pour se plaindre à la direction.

D'abord, aux parents insatisfaits de la matière enseignée, elle rappelle l'importance de s'engager, en début d'année, auprès des différents comités. C'est eux qui déterminent le programme pédagogique. «Il faut aller aux sources, dans les comités, au lieu de constamment mener un combat individuel pour notre enfant.»

En deuxième lieu, avant de sauter au plafond devant une prise de décision (l'interdiction de porter des foulards l'hiver, ou des gougounes l'été, par exemple) elle suggère d'essayer de comprendre ladite décision, avec une vue d'ensemble, et non une vue individuelle. «L'école gère un groupe dont fait partie notre enfant», rappelle-t-elle.

Troisième suggestion, laquelle découle de la seconde: concevoir le bien-être de notre enfant en lien avec le bien-être du groupe. Le psychologue Richard Cloutier a déjà dit qu'il fallait «un village pour élever un enfant». «Gardons-le en tête», insiste Rose-Marie Charest.

Finalement, la psychologue conseille aux parents de songer à se remettre en question: se pourrait-il que moi, comme parent, j'aie du mal à laisser grandir mon enfant? «Le risque avec ces sujets-là, c'est d'avoir l'air moralisateur ou culpabilisateur, reconnaît Rose-Marie Charest. Mais moi, mon objectif, c'est de faire réfléchir les parents, pour qu'ils reconnaissent qu'ils ne pourront pas tout contrôler.

Pour assister à la conférence

Vous voulez en savoir plus? La conférence La communication parents et enseignants, une condition à la réussite des jeunes animée par la présidente de l'Ordre des psychologues Rose-Marie Charest, ainsi que par la pédopsychiatre Patricia Garel, se tient ce soir, de 17h30 à 20h, à l'Amphithéâtre Justine-Lacoste-Beaubien du CHU Sainte-Justine. Infos et réservations: 514-504-6441 ou http://reservation.successcolaire.ca