L'Institut national de santé publique reconnaît qu'à trop vouloir faire la promotion de l'allaitement, la célèbre «bible» qu'il distribue aux nouveaux parents québécois a fini par commettre un péché d'omission.

Depuis 2005, le guide Mieux vivre avec notre enfant compte de plus en plus d'informations sur l'allaitement... et de moins en moins sur les biberons. Un choix éditorial qui lui a attiré bien des reproches. «On les entend grandement, assure Chantale Audet, coordonnatrice du guide. C'est sûr qu'il y a des besoins d'information pour les mamans qui n'allaitent pas. En 2010, c'est dans notre volonté d'ajuster le tir.»

Dès l'an prochain, donc, le guide expliquera mieux aux nouvelles mères comment préparer les biberons. Pas question, toutefois, de donner de l'information sur les différentes préparations commerciales.

«Il y a de la politique en dessous de ça», explique le pédiatre Jean-Claude Mercier, responsable du chapitre sur l'allaitement du guide. «Il existe une norme de l'Unicef et de l'Organisation mondiale de la santé appelée «Hôpitaux amis des bébés». Cette norme, qui fait partie des priorités du ministère de la Santé, interdit de donner des informations sur les préparations commerciales. Si le guide avait continué à le faire, aucun hôpital québécois n'aurait pu être accrédité.»

Et puis, le guide n'a pas à être un dépliant publicitaire, dit le Dr Mercier. «Les fabricants dépensent des fortunes en marketing. Nous, dans le réseau de la santé, on a décidé que nous ne ferions plus la promotion de ces produits.»

Cela dit, certains professionnels de la santé exagèrent, admet le pédiatre. «J'ai vu des femmes être mises au ban à l'hôpital parce qu'elles n'allaitaient pas. Quand on essaie de changer une culture, le message devient parfois un peu excessif. Il faut donner l'information. Le problème, c'est qu'on enfonce le clou un peu beaucoup. La norme s'appelle «amis des bébés», pas «amis de l'allaitement». Parfois, cela nous échappe.»