Les parents de plus d'un enfant le constatent: dans chaque fratrie, tout le monde a son propre tempérament. Doit-on alors adapter nos interventions disciplinaires selon le style de chacun? Tout à fait, insiste l'auteure Christine Benoit, qui vient de publier un livre sur la question.

Dans le livre Mieux comprendre son enfant et communiquer avec lui grâce à l'ennéagramme (Éditions de Mortagne), Christine Benoit présente 90 affirmations. Elle invite les parents à déterminer lesquelles s'appliquent à leur enfant, jusqu'à ce qu'un type de personnalité se détache du questionnaire.

Ça, c'est l'ennéagramme, un outil dont on connaît peu l'origine, mais qui permet depuis des décennies à des dirigeants d'entreprises de cerner le profil des employés. Celui-ci est-il appliqué et consciencieux? Ou encore se montre-t-il lunatique? Compétitif? Le questionnaire est fastidieux, mais au final, certains cadres l'utilisent afin de mieux connaître leur équipe. Et de savoir comment agir avec chaque travailleur.

«J'enseignais l'ennéagramme à des étudiants aux hautes études commerciales et je me disais qu'on pourrait en appliquer certains principes aux enfants, explique Mme Benoit, conseillère en communications. J'ai quatre enfants et ils sont tous différents. Je sais que je dois agir différemment avec chacun d'eux. Je voulais mettre sur papier ce que nous faisons parfois de manière instinctive.»

Neuf personnalités

Dans son ouvrage, elle présente donc neuf types de personnalités. Parmi eux, il y a l'enfant 1, nettement plus perfectionniste que les autres. Le 2 est tourné vers les autres, alors que le 3 se montre surtout combatif, et ainsi de suite.

Dans la description de chaque profil, l'auteure présente notamment la vision du monde de l'enfant, ses croyances, ses faiblesses, ses forces, mais aussi les éléments qui le rassurent et les moyens pour lui d'assouplir certains traits de caractère.

Ainsi, si l'enfant 7 a besoin de structure, celui de type 1 doit apprendre que la vie n'est pas que performance. Deux poids, deux mesures.

«Je crois qu'il faut personnaliser le dialogue avec chaque enfant, explique Mme Benoit. Je ne cherche pas à les cataloguer, seulement à donner des pistes et suggérer des approches qui pourraient convenir à chacun.»

Flexibilité parentale

Interrogée sur la pertinence d'adapter les interventions en fonction de chaque enfant, la psychologue Francine Nadeau insiste sur l'importance de la question, sans toutefois se prononcer sur la pertinence de l'ennéagramme.» Il est primordial de voir à s'intéresser aux particularités de chaque enfant, répète-t-elle. La première caractéristique d'un bon lien entre un parent et un enfant, c'est que le parent s'ajuste à lui. Il a remarqué les signes de ce qu'il l'apaise, le stimule et l'intéresse.»

D'instinct, la plupart des parents reconnaissent que leurs enfants n'ont pas tous le même tempérament et ils s'adaptent. Si l'un deux frémit quand ils haussent le ton, ils se montrent d'emblée plus fermes avec l'autre, moins impressionnable. Un comportement tout à fait sain, ajoute la psychologue.

Elle illustre cette flexibilité par un exemple courant: des parents qui permettaient à leur aîné de rentrer à 22h le samedi soir à 14 ans peuvent abaisser la limite à 21h pour leur cadet, même s'il a atteint le même âge.

Et s'il y a des jaloux? «On aborde franchement la situation avec notre enfant, ajoute Mme Nadeau. On lui dit quelque chose comme: «Je comprends que tu aies peur que nous soyons injustes, mais dès que tu vas nous rassurer et nous démontrer que tu peux rentrer à 22h, nous nous ajusterons.»

Elle met enfin en garde les parents contre la «stigmatisation». «Quand on s'enferme dans des catégories, c'est qu'on a besoin d'être rassurés comme parent, prévient-elle. Il peut arriver que le sportif lise un livre et que le bougon soit de bonne humeur, ne l'oublions pas. Comme parent, il faut accepter d'apprendre de nos enfants.»