Les vacances m'ennuient. Née au pied des Alpes, j'ai dépassé mon seuil de tolérance aux sports d'hiver avant d'avoir l'âge de lire; la «maison de campagne» ou le «chalet» réveille en moi le souvenir du temps très suspendu de mon adolescence de campagne. Le grand air, c'est bien, mais c'est ennuyeux.

Il m'a fallu commencer à travailler pour me réjouir des (rares) jours fériés et des semaines de relâche: à Montréal, il faut courir les galeries (celle du Belgo, sur Sainte-Catherine Ouest, a de quoi tenir occupé), les musées (Van Dongen aux Musée des beaux-arts: oh oui!). Je peux tenir les murs avec une pile de magazines à lire (pêle-mêle: Monocle, Vanity Fair ou un bon vieux Elle français fait l'affaire) ou me perdre sur l'internet (lookbook.nu, ma dernière dépendance).

 

Mais s'il fallait m'enfermer, je le ferais avec l'intégrale de Twin Peaks: ces deux saisons et 30 épisodes peuvent procurer hilarité, fantasmes et cauchemars. Quoi de mieux que deux ou trois jours à tuer pour se frotter à la question-culte: qui a tué Laura Palmer?

Les monologues de la Log Lady donnent envie de bavasser avec une bûche; les ballades au synthé d'Angelo Badalamenti angoissent; les parties fines au One Eyed Jacks révulsent. Et pourtant, on ne parvient pas à détourner le regard de ces personnages fous, aux brushings incroyables et aux lunettes importables même en plein Mile-End.

Il ne faut rien de moins que David Lynch et Mark Frost et leurs créatures fantasmagoriques - un manchot, un géant ou des morts qui parlent à l'envers - pour faire perdre le sommeil et l'appétit en plein hiver. Repus des deux saisons par la série, vous vous retrouverez peut-être hagard, fixant le plafond, avec une seule question en tête: «Mais que diable prenaient les dirigeants d'ABC pour diffuser une telle série en 1990?» De quoi s'occuper les méninges jusqu'à la rentrée.