Limiter le nombre d'heures de travail, assurer un suivi du dossier académique des employés ou encore offrir une reconnaissance aux entreprises soucieuses de la réussite scolaire : toutes les options sont actuellement sur la table pour le développement d'une stratégie de lutte au décrochage scolaire à la Chambre de commerce de Gatineau.

Avec un taux de décrochage au secondaire de 34,2 % en 2006-2007, l'Outaouais est bien loin de la moyenne provinciale de 25,3 %. Alors que le président de BMO Groupe financier, Jacques Ménard, a présenté plus tôt cette semaine dix pistes de solution pour contrer le décrochage scolaire, le président de la Chambre de commerce de Gatineau, Philippe Marion, estime qu'il est temps que le milieu des affaires s'implique davantage pour mettre un frein au décrochage dans la région.

« Il y a toujours eu de la sensibilisation faite auprès des membres, mais je veux accentuer ça, a indiqué M. Marion. La Chambre de commerce veut participer à l'établissement d'une stratégie régionale pour favoriser un bon balancement entre le travail et les études. La communauté des gens d'affaires comprend qu'elle a une responsabilité face à ça. »

Des discussions ont déjà été amorcées entre la Chambre de commerce et divers intervenants du milieu de l'éducation. L'objectif est d'en arriver à la mise en place d'un plan bien défini d'ici la prochaine rentrée scolaire.

Cette initiative réjouit le président de la Commission scolaire au Coeur-des-Vallées, Alexandre Iracà.

« Il faut travailler ensemble, parce que le décrochage, ce n'est pas seulement l'affaire du milieu de l'éducation, mais de l'ensemble de la société, soutient-il. On ne peut pas arriver à un bon résultat sans la collaboration de tout le monde. »

Philippe Marion précise que toutes les options sont sur la table, et qu'il est donc trop tôt pour dire quelle forme prendra cette stratégie.

Il invite d'ailleurs tous les entrepreneurs à faire part de leurs idées à la Chambre de commerce. « Il faut que ça bouge rapidement », insiste-t-il.

M. Marion reconnaît que certaines mesures, comme l'assouplissement des horaires pour les employés aux études, représentent une tâche de gestion supplémentaire pour les entreprises.

« Mais il faut véhiculer et vendre l'idée que le bénéfice est à long terme et qu'il est global », souligne-t-il.

Plusieurs employeurs de la région n'ont pas attendu qu'une stratégie en bonne et due forme soit créée pour mettre en place leurs propres initiatives de soutien à la réussite scolaire.

C'est le cas de Jacques Laviolette, propriétaire de la Cage aux sports du secteur Gatineau. Environ la moitié de ses employés sont aux études, la plupart au cégep ou à l'université.

Bien qu'ils aient déjà en poche leur diplôme d'études secondaires, M. Laviolette tente, depuis 20 ans, d'accommoder du mieux qu'il le peut les étudiants qu'il embauche.

« Ma manière de coopérer, c'est d'être très souple quand je fais mes horaires, par exemple pour la période des examens », explique M. Laviolette.

Un employé qui travaille normalement à temps plein, par exemple, peut ainsi passer à dix ou quinze heures de travail par semaine lors des périodes d'examens de fin de session.

Même si cela demande un peu plus de travail pour gérer les horaires, le restaurateur constate que cette souplesse est grandement appréciée de ses employés.

« Dans mon temps, quand j'étais jeune, tu ne demandais pas des congés », souligne M. Laviolette. Il exige en échange une grande disponibilité de ses employés, question d'être en mesure de remplacer les absences occasionnelles des étudiants.