Âge: 31 ans. Profession: jardiniers urbains à domicile

Leur histoire

Avant de se convertir en jardiniers nouveau genre et de fonder leur entreprise, Semis urbains, Tereska et Shawn jonglaient avec des horaires débridés qui nuisaient au plein épanouissement de leur potager. Formée en design de mode, elle travaillait en cinéma; lui, comme traiteur. «À la fin de l'été, on se retrouvait avec un jardin plein de mauvaises herbes. Quand j'ai cherché un service qui pourrait nous aider pour l'entretien, je n'ai rien trouvé. C'est alors qu'on s'est dit qu'on pourrait proposer un tel service», raconte Tereska. Le couple a ainsi décidé de se lancer en affaires et d'installer une serre dans la cour de son duplex de Verdun. Le bureau de l'entreprise est au sous-sol de leur pimpante demeure, où ils ont aussi aménagé une culture en placard de pousses de basilic, de brocoli et autres, chauffées et éclairées aux néons.

Comment votre «conversion» en jardiniers urbains a-t-elle changé votre vie?

«On s'est lancé dans ce projet dans le but de mener une vie plus saine, en meilleure harmonie avec la nature et le passage des saisons. On vit dans des climats contrôlés: l'hiver on chauffe, l'été on climatise, on aime manger des tomates en avril et des fraises en février. Avec le jardinage, on retrouve un lien plus intime avec les changements des saisons. Cela diminue le stress et nous rend moins axés sur les détails quotidiens», explique Tereska, qui confie que d'avoir donné naissance à une petite fille en même temps que le couple se lançait en affaires a été pour le moins... intéressant!

Comment ça marche? Combien ça coûte?

Dans la cour des Gesing-Manning, une serre chauffée abrite des plants de tomates qui seront bientôt transplantés dans les jardins de leurs clients. Des pousses de chou vert (kale), de brocoli, de bette à carde, de carottes, de radis sont sorties du sol, en prévision des plantations. «Un de nos clients est un chef qui habite près du marché Jean-Talon. L'année dernière, nous avons créé deux petits jardins sur son balcon qui comportait une variété de légumes en plantations intensives», précise Shawn. «Comme on peut se permettre de mettre un terreau très riche fait de matières organiques, de mousse de tourbe, etc., ça prend moins d'eau et on obtient des récoltes intéressantes», ajoute Tereska, jardinière autodidacte qui a été inspirée par plusieurs ouvrages sur le jardinage en espaces restreints, dont The New Organic Grower. L'installation et la plantation d'un potager de 8 pieds sur 3 pieds coûtent 495$. Pour 890$, on peut s'offrir deux espaces de 10 pieds divisés par des cèdres, des fleurs et des fines herbes.

Quel est l'avenir de Semis urbains?

«Comme on a beaucoup de demandes, il faudra probablement déménager l'entreprise dans un entrepôt, par respect aussi pour nos voisins!», dit Shawn, qui a aussi aménagé un potager de fines herbes pour l'entreprise de traiteurs où il travaille toujours comme gérant. Tereska, elle, aimerait offrir des ateliers de jardinage dans les écoles et pour les apprentis «jardiniers urbains».

De quelle ville Montréal devrait-elle s'inspirer dans le domaine du jardinage urbain?

Selon Shawn et Tereska, Montréal est au point où Vancouver était il y a 20 ans pour tout ce qui est compostage, jardinage, etc. Mais s'il faut trouver un modèle idéal à suivre, ce serait Portland, en Oregon. «Des entreprises comme la nôtre, là-bas, il y en a plein!»