Imaginez qu'une femme enceinte sorte du cabinet de son médecin avec une prescription pour des vitamines prénatales et... du chocolat!

Un rêve gourmand? Peut-être bientôt la réalité pour les femmes souffrant de pré-éclampsie, un grave problème d'hypertension survenant lors de la grossesse.

La pré-éclampsie est une bombe à retardement qui menace environ une femme enceinte sur vingt. Lorsque sa manifestation devient hors de contrôle, la seule solution pour sauver la mère et le bébé est de déclencher l'accouchement, parfois trop tôt.

Présentement, les médecins ne disposent d'aucune arme pour prévenir ce syndrome. Sylvie Dodin, gynécologue et professeure à l'Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels de l'Université Laval, s'intéresse cependant à un allié bien surprenant: le chocolat!

Certains experts croient en effet que la pré-éclampsie est causée par une mauvaise circulation du sang dans les vaisseaux sanguins du placenta. Or, le chocolat contient une famille d'antioxydants puissants, les flavanols, qui réduisent la tension artérielle. En améliorant la circulation sanguine, le chocolat pourrait aider à rétablir la fonction d'un placenta défectueux et éviter de fâcheuses complications à la mère et au bébé, pense la chercheuse.

Afin de vérifier cette hypothèse, elle mène une étude clinique à Québec, la première du genre, où des femmes enceintes consomment tous les jours une ration de chocolat.

Les chocolats ne sont cependant pas tous égaux. Seul le chocolat noir contient assez d'antioxydants pour avoir un effet bénéfique pour la santé. Les chocolats blancs et au lait n'agiront eux que sur le tour de taille! Et encore, «ce n'est pas parce qu'un chocolat noir est très riche en cacao qu'il est bon pour la santé», précise-t-elle. « De plus, la teneur en flavanols dans le chocolat varie beaucoup selon les saisons, le climat, le type de sol, etc.»

Pour cette étude, la chercheuse et son équipe ont d'ailleurs dû tester plus d'une trentaine de chocolats avant d'en trouver un assez riche en flavanols, qui n'est d'ailleurs pas disponible sur le marché nord-américain. «Il est pratiquement impossible aujourd'hui au Québec pour un consommateur de choisir un chocolat noir en espérant qu'il soit bon pour sa santé. Il serait important de donner l'heure juste au consommateur», constate-t-elle à regret.