Katy Talbot et Catherine Geraghty ont fondé la Société de recherches paranormales de Québec (SRPQ). Ensemble, elles «viennent en aide aux personnes qui sont aux prises avec des phénomènes inexpliqués». Lire: elles chassent des fantômes. Sceptique, on les a suivies le temps d'une enquête dans une maison soi-disant hantée. Histoire de peur.

«Êtes-vous un homme?

- ...

- Savez-vous que vous êtes mort?

- ...

- Est-ce que vous vous êtes vraiment suicidé ou était-ce un accident?»

Le détecteur de champs électromagnétiques réagit.

Assise dans le noir, sur une petite chaise au beau milieu de la pièce, je retiens mon souffle.

Sommes-nous vraiment en présence d'un fantôme?

Pas comme dans Ghostbusters

Catherine et Katy sont amies depuis toujours. Plus jeunes, les deux femmes - aujourd'hui âgées de 32 ans - ont toutes deux été témoins d'apparitions. «Avant le printemps dernier, on ne s'était jamais raconté ces histoires, parce qu'on avait peur de passer pour des folles, avoue Catherine. Après l'avoir fait, on s'est dit qu'on ne devait pas être les seules et c'est ce qui nous a donné envie d'aider les gens aux prises avec des manifestations du genre.»

Deux mois plus tard, Catherine et Katy ont mis sur pied la SRPQ, la Société de recherche sur les phénomènes paranormaux. La mission de leur entreprise est calquée sur celle de l'émission de télé américaine Ghost Hunters. «Les enquêteurs se rendent dans des lieux qu'ils croient hantés avec des enregistreuses numériques et des caméras, explique Katy. Ils s'installent, ferment les lumières, étudient, écoutent. Ils repartent avec le matériel et l'analysent. C'est une approche scientifique, quoi!»

Aujourd'hui, une dizaine d'enquêteurs travaillent bénévolement pour leur entreprise. Chaque semaine, ils visitent un lieu hanté et analysent leurs recherches dans les jours qui suivent. Leur téléphone ne cesse de sonner.

À une semaine de l'Halloween, nous avons proposé à Catherine et Katy de vivre une enquête avec elles.

Que l'enquête commence

Beauport, 19h. Dans l'appartement, quatre enquêteurs de la SRPQ sont réunis: Karine, Sylvain, Katy et Catherine. Cette dernière se lève et prend la parole, solennelle: «Ce soir, on s'en va chez Raymond et Anna, à Sainte-Anne-de-Beaupré. Anna a l'impression qu'il y a quelqu'un qui vit chez elle. Aussi, il paraît que l'ancien locataire se serait suicidé en sautant du toit. On va donc investiguer pour savoir s'il y a une présence sur les lieux.»

Les yeux brillants, ses trois collègues boivent ses paroles. Sans attendre une seconde de plus, ils enfilent leur manteau et empoignent leurs mallettes, remplies de lampes de poche, de caméras à infrarouge, d'enregistreurs numériques, de walkies-talkies, de thermomètres, etc. En tout, ils en ont pour 7000$ de matériel.

Le quatuor dépose délicatement l'attirail à l'arrière du jeep de Sylvain. Dans le véhicule, l'excitation des enquêteurs est palpable.

Un fantôme à Sainte-Anne?

Raymond et Anna habitent dans un appartement modeste de Sainte-Anne-de-Beaupré depuis presque 10 ans. À notre arrivée, le couple dans la cinquantaine boit un verre de vin autour de la table de la cuisine. Leur visage est éclairé par une chandelle, seule source de lumière dans la pièce.

D'emblée, ils se lèvent et nous offrent de faire le tour du proprio. Premier arrêt: la salle d'ordinateur. «Souvent, quand je vais sur l'internet, j'ai l'impression qu'il y a quelqu'un, même si je suis seule. Je ne sais pas si c'est le fantôme de l'ancien locataire, dit Anna. Aussi, j'entends parfois des voix dans le garde-robe ou des gros coups sur ce mur.» Catherine l'écoute avec le plus grand sérieux du monde.

On se dirige vers la chambre principale. En reconstituant la scène, Raymond raconte qu'il a vu un halo de lumière l'autre nuit, alors qu'il se rendait à la salle de bains. Sa conjointe en rajoute. Elle a déjà aperçu une ombre avec un chapeau: «J'ai eu tellement peur! J'ai couru jusque dans le lit et je me suis cachée en dessous des couvertes.» Elle dit aussi qu'elle a déjà senti une main lui toucher la cuisse, au moment où elle se lavait les cheveux dans le lavabo. «Je sais que je vais passer pour une folle en racontant ça, mais je ne le suis pas!» clame-t-elle, visiblement bouleversée.

Catherine la rassure de sa voix douce: «Ça va aller, c'est normal, ça arrive à plein de gens. On va investiguer ça ce soir.»

Voir dans le noir

Pendant ce temps, les autres membres de l'équipe disposent les caméras à infrarouge dans les points stratégiques de l'appartement.

Il est 21h. Raymond, Anna et les quatre enquêteurs de la SRPQ s'installent dans le salon, où ils ont érigé un poste des commandes. Katy fait le tour de l'appartement pour éteindre les lumières. C'est parti.

Un premier tandem d'enquêteurs se dirige vers la cuisine. Sylvain est armé d'une lampe de poche et d'un détecteur de champ électromagnétique; Karine, d'une lampe frontale et d'une enregistreuse.

Alors que les deux enquêteurs procèdent à une batterie de tests, les autres sont rivés sur l'écran. Une quinzaine de minutes plus tard, Catherine remarque une anomalie sur la caméra 4: la cage à oiseaux vide au-dessus du frigidaire se met à tourner rapidement. Très rapidement.

«Est-ce que c'est normal? demande la jeune femme, intriguée.

- Ça arrive quand la fenêtre ou la porte est ouverte, lui répond Anna.

- Et là, est-ce que c'est ouvert?

- Non ...»

Il n'en fallait pas plus pour que le doute s'installe au sein du groupe.

La cage s'immobilise au bout de 10 minutes. Sylvain et Karine reviennent dans le salon.

«Et puis? demandent les autres.

- Le détecteur de champ électromagnétique a réagi d'une drôle de façon à plusieurs moments, indique Sylvain.

- Je savais que je n'étais pas folle! s'exclame Anna. Demain matin, je fais mes valises!»

Durant la soirée, les enquêteurs ont continué leurs recherches: Catherine et Katy ont senti un drôle de coup de vent et remarqué un étrange mouvement dans le rideau.

Le lendemain matin, Catherine m'a téléphoné pour me dire qu'elles avaient aussi capté des voix sur l'enregistreuse. Elle allait continuer ses recherches pendant la semaine. Mais, selon elle, à la lumière des premiers résultats, il y avait bel et bien un fantôme dans l'appartement...