Cours-tu encore? Combien de fois ai-je entendu cette question posée sur un ton voulant plutôt dire : es-tu encore malade?

Pour la majorité de mes semblables, courir est une activité contre nature. Alors, courir 50, 60 ou même 80 km par semaine, nécessairement, c'est une maladie.

Bon, je vous le concède, je suis gravement intoxiqué à la course à pied. Le plus grand effort pour moi n'est pas d'aller m'entraîner, mais bien de me contraindre à ne pas y aller une journée de temps en temps.

Masochisme?

Non, au contraire, c'est par hédonisme que je cours. Hédonisme dans le sens premier du Petit Robert : «Doctrine qui prend pour principe de la morale la recherche du plaisir, de la satisfaction.»

J'aime la course à pied pour la même raison que j'apprécie le vin: pour le plaisir que l'un et l'autre me procurent.

La sérotonine, l'endorphine et l'adrénaline ne se décantent pas, mais ces trois substances créent rapidement une accoutumance chez le coureur régulier. Une accoutumance aux bienfaits documentés : meilleure concentration, bonne humeur, plus grande résistance à la douleur, petit buzz, etc.

Bien sûr, il n'y a pas que la course à pied, mais peu de sports permettent d'atteindre la même intensité. En plus, la course à pied demande très peu d'équipement. Pour courir, vous n'avez besoin de personne ni d'un terrain particulier.

Voilà un autre avantage : courir, c'est le seul moment où vous pouvez vous retrouver vraiment seul, loin des cris des enfants, du BlackBerry et des multiples sources quotidiennes de stress.

D'après un petit calcul, j'ai bien dû courir près de 40 000 km ces 15 dernières années. Pour garder la forme physique, évidemment, mais bien plus encore pour maintenir un certain équilibre psychologique.

Pour la majorité de mes semblables, il faut être un peu fou pour courir 50, 60 ou même 80 km par semaine. Mais qu'ils se rassurent, je le serais encore davantage si je ne courais pas.

Son parcours de course préféré:

Il y a plusieurs façons d'«attaquer» le Mont-Royal. Mais peu importe le parcours choisi, ce parc extraordinaire demeure le plus beau terrain de jeu pour un coureur à Montréal.

De la verdure, des arbres énormes, le silence, de bonnes montées, des escaliers et même un furtif renard roux, si vous êtes chanceux.

Pour faire un circuit de 8-10 kilomètres: partez de la statue sur Parc, montez le chemin Olmstead (ou la rue Camilien-Houde pour une pente plus forte) jusqu'au sommet, faites-y un, deux ou trois tours selon vos jambes puis redescendez par le cimetière du Mont-Royal, retour sur l'avenue du Mont-Royal, vers la rue Parc.