Saint-Lambert est une banlieue qui a de quoi faire des jaloux. Maisons centenaires et grands jardins coquets. Rues fraîches bordées d'arbres qui lui donnent presque des airs de Nouvelle-Angleterre universitaire.

Quand on marche dans l'artère commerciale principale, la rue Victoria, entre les (excellentes) boutiques d'huile d'olive, de pâtes, de chocolat ou de fromages, on se sent loin, très loin des boulevards chauves banlieusards où s'agglutinent les vendeurs de VUS et les grandes surfaces remplies d'importations chinoises de mauvaise qualité.

Si quelqu'un veut montrer que la banlieue peut avoir ses noyaux villageois sympathiques, il n'a qu'à prendre celle-là en exemple.

Saint-Lambert est un peu un village, un peu Brooklyn Heights de l'autre côté du pont, un peu Outremont.

Est-ce dire qu'elle a aussi des restaurants aussi bons que ceux du Plateau, du Mile End ou du Vieux-Montréal?

C'est moins évident.

Il y a cependant à Saint-Lambert un restaurant qui tire bien son épingle du jeu, le Primi Piatti. Un restaurant italien, vous vous en doutez, vu le nom.

Cette table n'est pas de celles qui méritent qu'on se déplace de l'autre bout de la métropole pour s'y rendre. Surtout que les prix y sont somme toute assez élevés. Mais c'est une bonne table de quartier. Un établissement de proximité où l'on peut aller à pied et qui propose une cuisine bien faite, sans surprise mais sans grosse déception non plus.

Les éléments gagnants? Une assiette de poulpe grillée, costaude, où le fruit de mer, tendre, est mis en valeur par des tomates cerises confites. Goûteux. Copieuse, la composition pourrait presque être un plat principal. Pas une mauvaise idée non plus sachant que le tout se détaille à 22$.

L'assiette de mozzarella di buffala, fraîche et savoureuse, est aussi intéressante. Plutôt que la classique caprese avec tomates et basilic, on propose des noix, quelques betteraves soyeuses tendres sous la dent, de la roquette. Les textures se combinent, se complètent. Nous surprennent.

En plat principal, il faut choisir la pizza, que l'on fait cuire dans un four à bois, point fort de la maison. La capriciosa, avec chair à saucisse, est un classique italien bien interprété, garnie de champignons, de quelques morceaux de pancetta. La pâte craque sous la dent.

Les garnitures sont généreuses et réjouissent les papilles en en mettant plein la vue. On est plus loin des classiques napolitains que propose la Bottega à Laval - autre bonne destination du 450 -, mais cette pizza se défend joliment, vivement.

Le risotto aux champignons fait aussi partie des plats qui se laissent apprécier. Recette: riz arborio, champignons variés - pleurotes notamment -, un peu d'huile de truffe - et du cheddar Perron de cinq ans. Quelques échalotes frites croustillantes en garniture. Un peu de roquette qui fond à la chaleur du plat.

L'huile de truffe est malheureusement de trop, comme c'est souvent le cas, et on préférerait le riz peut-être un plus all'onda - mouillé -, un peu moins collant, un peu moins cuit, bref, le genre de détails de cuisson qui agacent beaucoup les puristes. Tout comme le sucre trop abondant dans les papardelle au ragù d'agneau, autrement chaleureux, marqué par les saveurs appuyées d'une sauce qui a longuement mijoté.

Au dessert, on se réfugie dans le pudding chômeur. Pas très italien, mais très sucré, lourd comme il se doit, mais aussi sympathique (à partager) avec son sirop à l'érable plutôt qu'uniquement de la cassonade. Un classique plutôt bien fait comme la plupart des plats de ce restaurant, remplis de bonnes intentions.

Primi Piatti

47, rue Green

Saint-Lambert

450-671-0080

www.primipiatti.ca

> Prix: entrées entre 6$ et 22$, pizza entre 15$ et 20$, plats de pâtes entre 18$ et 29$ et plats de viande entre 32$ et 47$. Desserts entre 6$ et 13$.

> Carte de vins: beaucoup de variété, mais priorité aux crus italiens. Les importations privées assurent une certaine originalité à la sélection. Nombreux vins au verre.

> Décor: nappes blanches, cellier vitré, fauteuils rembourrés. Le décor est cossu, passe-partout, sans surprise ni détails surprenants. On est dans un univers un peu hôtelier.

> Atmosphère: le lieu est bien rempli - il faut réserver - et le bar où l'on s'arrête pour prendre un verre, rencontrer des voisins de ce coin de banlieue, donne, en entrant, le sentiment d'être au coeur de la vie - sociale - du quartier.

(+) Une cuisine honnête faite avec beaucoup de bons produits.

(-) Des prix élevés, certaines maladresses et certaines béquilles inutiles, comme l'huile de truffe.

On y retourne? Oui, pour la pizza, si on est dans le coin.