Il y a des restaurants qui ouvrent un jour et ne font penser à aucun autre, autant grâce à leur décor qu'à leur menu ou leur style.

On pense au Pied de cochon et à sa cuisine rustique révolutionnaire quand il a vu le jour il y a plus de 10 ans, ou alors au plus récent Bouillon Bilk, cocon magnifiquement minimaliste, créatif dans chaque assiette, qui s'est distingué dès son arrivée l'an dernier.

Et puis, et puis il y a des restaurants qui naissent et qui font tout de suite penser à d'autres. Un autre bar à huîtres, un autre spécialiste de charcuteries, un autre comptoir de tartares à toutes les sauces.

C'est le cas de Dolcetto&Co., rue Saint-Paul, dans le Vieux-Montréal.

Le décor? On dirait Joe Beef ou Liverpool House pour les objets rétro, on dirait le Titanic pour la grande table commune. Le menu? On dirait celui-ci et celui-là, avec les charcuteries, les pizzas, les huîtres. On pense au voisin pas loin, Mangiafoco, en moins précis, moins recherché. On dirait que quelqu'un a décidé de faire une recette non pas de cuisine, mais de marketing, avec comme argument ultime des prix très bas.

En entrée, on commande des huîtres qui sont servies un peu à la va-vite et qui, contrairement au reste du menu, sont plutôt chères (36 $ la douzaine). Il n'y a pas de cuillère pour la mignonnette, pas de décorum. Petites, on les décrit avec des mots creux.

Puis, les boulettes traditionnelles italiennes, faites avec de la viande d'agneau, ne se démarquent ni par leur légèreté ni par la complexité de leur assaisonnement.

En revanche, une pochetta maison - une charcuterie de porc- intéressante a un goût d'agrume qui vient charpenter son style très doux, très gras.

Autre plat original: une assiette de polenta au miel, gratinée, servie avec des figues malheureusement pas assez mûres. On dirait une version italienne d'un plat de l'Action de grâce, sucré, chaleureux. Baroque, mais pas insignifiant.

Dommage qu'arrivent ensuite des gnocchi trop cuits, non pas fondants, mais faibles, servis dans une sauce tomate et ponctués de noix de pin. Encore une fois, là comme ailleurs, on dirait qu'on n'a pas pris le soin nécessaire à la confection du plat.

Ce ne sont pas les idées qui ne fonctionnent pas ici, c'est la réalisation. Une tomate confite avec burrata, une mozzarella extra-crémeuse? Le concept n'est pas particulièrement original, mais n'a rien de déplaisant. Alors, pourquoi négliger complètement d'ajuster l'assaisonnement? Une petite pizza au porc piquant? Oui. Mais pourquoi si peu de porc et si peu de gorgonzola et pourquoi tout est déposé n'importe comment sur la pizza? Il faudrait pouvoir goûter à tous les ingrédients dans une même bouchée...

Finalement, c'est la pizza (petite, l'ai-je dit) à la roquette et au prosciutto qui répond le mieux aux attentes parce qu'on a été généreux sur la garniture. Cela dit, la pâte tombe à plat. Sans le croustillant nécessaire, sans la légèreté attendue.

Au dessert, on commande la pizza au Nutella qui est tout simplement une pâte à pizza tartinée de... Nutella. Rien de plus. Rien de moins. On oublie la finesse, on laisse entrer le sucre et le gianduja. Le tiramisu blanc, quant à lui, est un peu sec et bravo si vous y trouvez le contraste de textures et de saveurs si caractéristique à ce dessert du nord de l'Italie, qui nous amène normalement du crémeux au sucré, en passant par l'amer (dans la version au café traditionnelle) et la légère acidité du mascarpone. Là encore, une idée qui aurait pu produire quelque chose d'intéressant, mais ne le fait pas. Un plat bâclé. Un peu comme tout le reste.

Dolcetto&Co. 151, rue Saint-Paul O. Montréal 514 419-8522

www.dolcettomontreal.com

Prix: Les prix des entrées tournent autour de 7 $ à 14 $, ceux des minipizzas aussi. Desserts 7 $.

Carte de vins: Exclusivement italienne, pas très longue, mais quelques jolies bouteilles à prix raisonnable et beaucoup de choix au verre.

Niveau de bruit: Élevé.

Ambiance: Joyeuse. La décoration est rétro et le lieu aéré. Une grande table centrale est une invitation aux repas de groupe animés où l'on retrouve des adultes gourmands, dans la trentaine, la quarantaine...

Plus: Des prix très raisonnables.

Moins: Une cuisine trop souvent bâclée, hors foyer.

Verdict: On y retourne? Non