Tous ceux qui connaissent bien le Vieux-Montréal, parce qu'ils y vivent ou y travaillent, savent qu'il faut éviter bien des restaurants.

Prix trop élevés, service bâclé, nourriture médiocre.

De vrais pièges à touristes.

Et comme dans bien des villes, c'est près des lieux les plus beaux que ces établissements se rassemblent.

C'est ainsi, par exemple, qu'après plus de 20 ans à travailler dans le quartier, j'ai appris à me méfier des restaurants de la rue de la Commune. Magnifique artère qui longe le Vieux-Port, avec de larges trottoirs, on y installe des tables pour mieux profiter du beau temps et de l'espace ouvert. Mais je n'y vais plus, trop souvent déçue, après trop de temps et d'argent perdus.

C'est donc uniquement après un message très enthousiaste d'un ami qui habite le quartier, promettant haut et fort une belle surprise, que j'ai finalement décidé d'essayer le Communion, rue de la Commune, près de Saint-Sulpice.

Et j'ai effectivement été ravie.

Ce n'est pas une table révolutionnaire ni un nouveau haut lieu de gastronomie créative. Mais c'est un bon petit restaurant où l'on prépare bien les choses, très joliment aménagé à l'intérieur et avec une grande terrasse extérieure qui donne à tout lunch un air de vacances.

En ce début d'été, on aime.

Au menu, poissons et fruits de mer prennent efficacement leur place. Une petite entrée de palourdes farcies, par exemple, nous surprend avec quelques brins de canard effilochés, un peu de chapelure et une bonne dose de vin blanc, tandis qu'une salade de petits poulpes grillés en brochette, déposés sur un généreux lit de mâche, évoque la Méditerranée. On apprécie particulièrement l'équilibre entre la fraîcheur de la verdure et cette légère résistance sous la dent qu'offrent les octopodes. Une jolie rencontre vert et mer. La soupe, elle, faite de carotte et aromatisée à la sauge, aurait pu être un peu moins salée. Mais quand on goûte bien les notes légèrement camphrées de l'herbe à travers le goût sucré de la racine, on se dit que le chef, Alexandre Arpin, a fait l'effort de vouloir donner du caractère à sa création.

En plat principal, la salade au confit de canard affiche un caractère honnête, mais ne révolutionne pas le genre. Chaque bouchée correspond à ce qu'on attend, ni plus ni moins, avec une viande parfois fondante, parfois un peu plus coriace, déposée sur de la roquette, quelques lanières de chou, des tomates... La sauce au concentré de balsamique, sucrée et charmante, fait toutefois oublier les angles plus carrés.

En revanche, l'assiette d'omble de l'Arctique brille par la perfection de la cuisson. Wow! Le poisson coule en bouche comme un air de musical trop vite passé. Rapini sauté, mini-tomates à peine saisies, petites tranches de fenouil et croûtons très fins complètent le plat avec élégance. Chaque élément a sa place, apporte ici de la fraîcheur, là du croquant, là-bas un peu d'amertume pour structurer la composition de chaque bouchée.

Au dessert, les options sont plus intéressantes qu'elles ne le semblent à la simple lecture du menu. Crème caramel? Rien à voir avec le plat cliché des menus du midi. Servie dans un petit pot, elle est douce et fine, coiffée d'une généreuse louchée de vrai caramel. Idem pour la panna cotta aux bleuets, que l'on sert avec un granité au sirop d'érable. Un petit gâteau au chocolat et aux épices, bien relevé de cardamome, mérite aussi un peu d'attention, et on retournera certainement se prélasser sur la terrasse cet été un midi ou deux pour y regoûter.

Communion

135, de la Commune O., Montréal

514-937-6555

restaurantcommunion.wordpress.com

Prix: Le midi, la table d'hôte du lunch est autour d'une vingtaine de dollars. Le soir, les entrées vont de 6 $ à 18 $, mais plusieurs sont faites pour être partagées. Même chose pour les plats principaux, qui vont de 45 $ à 65 $, mais sont préparés pour deux. Brunch: entre 18 $ et 22 $ par personne.

Le concept: Ce restaurant fondé par celui qui a aussi lancé Les gourmets pressés, Frédérick Garant, mise sur le partage de plats, d'où le nom, qui n'est pas qu'une simple référence à la rue où il se trouve.

Service: Très gentil, mais pas parfait. Lenteur et maladresse au rendez-vous.

Décor: Rétro chic, un peu brasserie revisitée, avec du gris anthracite à la mode, mais aussi des pastels et de grandes affiches qui animent l'atmosphère. La terrasse a de belles tables de bois et de vraies chaises, pas du plastique comme c'est trop souvent le cas.

Plus: Joli décor, joli menu, cuisine simple, mais bien faite. Rare pour les terrasses du Vieux-Montréal.

Moins: Le service pourrait être plus efficace.

On y retourne ? Oui.