En italien, stuzzicare signifie taquiner. Stuzzichi veut donc dire, littéralement, « tu taquines », ce qu'on dirait de ces petits plats qui ouvrent l'appétit plus qu'ils ne le calment. Stuzzichi, c'est le nom qu'ont donné à leur restaurant deux Montréalais d'origine italienne - des Pouilles, plus précisément.

Stuzzichi propose une cuisine italienne inspirée par des produits québécois. Il s'est installé dans le Vieux-Montréal il y a quelque temps dans un immeuble datant du milieu du XIXe siècle. Les murs de pierre d'époque y ont été magnifiquement mis en valeur, autant au rez-de-chaussée qu'au sous-sol, où se trouve une salle pour les groupes. Ils ajoutent chaleur et histoire au lieu, autrement décoré de façon très contemporaine. Comme on le voit si souvent en Italie, la combinaison de l'ancien et du très moderne fonctionne parfaitement. On aime le brûleur minimaliste suspendu qui se donne des airs de cheminée. Les noms des plats, rédigés à la craie sur un tableau noir, font oeuvre de motif.Stuzzichi est un très joli resto où on a envie de traîner. Pour admirer ce décor réussi, qui a à la fois tout de l'urbain et du douillet, certes, mais aussi grâce au service chaleureux et professionnel. On s'y sent accueilli comme si on était attendu. C'est charmant. Et cela donne envie d'y retourner.

La cuisine ?

Si c'est d'authenticité ou alors d'originalité italienne que vous rêvez, vous serez peut-être un peu déçu, comme on l'est souvent n'importe où à Montréal, tout simplement parce qu'on n'est pas... en Italie.

Mais si votre vision d'un repas italien idéal comporte des pâtes bien chaudes, généreuses, des légumes grillés, de la mozzarella de bufflonne douce et crémeuse (arrivée d'Italie le matin même, nous assure-t-on), vous serez content dans ce restaurant sans prétention.

Surtout qu'on y sert et on y vend des tarallis à l'huile d'olive, des vrais, des savoureux, qu'on peut acheter en sac. Juste pour ça et un verre de nero di Troia, j'y retournerais volontiers.

Que choisir ? La mozzarella fraîche fond mollement sous la dent, accompagnée d'un filet de sirop de balsamique et de tomate. Les linguine bolognaises sustentent, classiquement, sans surprendre ni décevoir. Les ravioli farcis au canard fumé montrent, quant à eux, que l'idée du restaurant de combiner produits québécois et traditions italiennes fonctionne. Tandis que la pâte cède sous la dent, la viande se dévoile discrètement, sans choquer. La sauce tomate est riche, douce, et la montagne de pousses de roquette juste assez verte pour apporter un zeste de fraîcheur. Les légumes grillés s'affirment par leur cuisson al dente, impeccable, même si servir des asperges en janvier peut surprendre. Les minipoivrons se mangent d'une seule bouchée.

Seule déception, la salade de poulpe, dont on attend plus de finesse, plus de fondant.

Au dessert, la panna cotta au caramel, légère, couverte d'une épaisse et coulante couche de caramel maison, apporte modestement, sans heurter ni émerveiller, une note sucrée élégante.

Mémorable, ce dessert ? Non, comme aucun des plats pris séparément. C'est l'ensemble de l'expérience, l'accueil, la chaleur du décor, la simplicité de l'équilibre qui font que tout fonctionne et qu'on a envie, en pensant à l'hiver, de retourner s'y blottir avec les copains, histoire de «cocooner» un peu.

Stuzzichi

358 rue Notre-Dame Est

Tel: (514) 759-0505