Les Laurentides ne sont pas que le terrain de jeu des gens de Montréal. Plusieurs amateurs de sport et de nature sont attirés par la splendeur du Mont-Tremblant, qui a connu une vague de développement sans précédent depuis 15 ans. L'offre des restaurants de la région a suivi et le Cheval de Jade a ouvert ses portes dans ce qui était l'ancien resto Bruxelles sur la rue Ouimet, la principale artère de Saint-Jovite.

Venu de Montpellier pour apprécier les grands espaces canadiens, le chef-propriétaire Olivier Tali a roulé sa bosse dans quelques établissements au pied des pentes (le chic Aux Truffes, notamment) avant de voler de ses propres ailes.

Des accents méridionaux

Dans une vieille maison au toit pentu, une salle à manger peut facilement accueillir une quarantaine de convives. Un large balcon se métamorphose en terrasse, à l'avant, pour doubler la surface d'accueil. La décoration intérieure fait vieillotte avec ses murs verts forêt couverts de tableaux dont plusieurs représentent le cheval, animal fétiche du patron - qui dit voir en lui un symbole de liberté. Quant au jade qui donne l'impression, à prime abord, qu'il s'agit ici d'un restaurant de cuisine asiatique, il fait référence à cette pierre semi-précieuse qui dort sous les montagnes des Laurentides.

Le menu reflète les origines méditerranéennes du chef, en particulier le tandem bouillabaisse et soupe de poisson à la manière de Marseille. Le chef Tali insiste même sur l'importation de poissons méditerranéens pour assurer à sa clientèle la saveur authentique du sud de la France.

Pour la soupe de poisson (11$), un des deux plats-signature de la maison, c'est tout à fait réussi. Le seul petit bémol consiste en la rouille maison, que l'on souhaiterait plus relevée.

Une cuisine traditionnelle

L'autre plat-signature est le caneton à la rouennaise (ou canard au sang), une spécialité que se réservent les maîtres-canardiers munis de leurs rares presses à canard. Le chef Tali, qui exhibe fièrement sa presse dans la salle à manger, l'utilise sur réservation, les soirs de semaine seulement, lorsque l'affluence s'estompe un peu.

Ce chef est un traditionnel, même un peu vieux jeu, et ça se voit au-delà de la bouillabaisse, de la soupe de poisson, de la savoureuse salade landaise et du canard. Ses plats ont toutes les mêmes garnitures, que l'on commande des crevettes (27,75$) ou de la viande, ce qui est en soi une erreur. Cela dit, elles sont bien faites: pommes de terre mousseline, cascade de tomates et de courgettes et une petite capucine qui orne le tout.

Mais ces fleurs en décoration sont dépassées dans la cuisine actuelle, tout comme tous ces fruits finement taillés qui trônent sur la crème brûlée. Un ou deux petits fruits suffiraient au lieu de ce monceau qui en vient presque à camoufler cette crème brûlée (8$) d'excellente facture. Et quand ce n'est pas une fleur, c'est un bouquet de basilic. Cet abus distrait de la qualité des plats qui souffrent généralement, par ailleurs, d'un manque d'assaisonnement et/ou de sel.

Cette obsession de la garniture se constate aussi sur le foie gras poêlé (portion de 100g, 30$), une finesse gourmande qui demande peu d'ajouts. Au Cheval de Jade, on le nappe, on le cache sous une fine sauce brune. Dommage.

Le service au Cheval de Jade est de très haut niveau. Chaque plat est décrit, la carte des vins généreuse avec ses propositions surtout françaises et européennes. Ils sont toutefois un peu chers, en partie en raison de la force de l'euro. Mais en avouant son ignorance, on sera conseillé au prix désiré.

Pour deux personnes, prévoyez entre 80 et 90$, plus consommations, taxes et service.

Le Cheval de Jade

688, rue de Saint-Jovite,

Mont-Tremblant, QC.

(819) 425-5233.

www.chevaldejade.com

Cote Jury 15/20

Résultats

Cuisine : 7,5/10

Service : 5/6

Décor : 2,5/4