Tous les centres-villes en Amérique ont été des lieux de rencontres. Le centre-ville de Montréal est depuis 100 ans un quartier dans lequel les communautés anciennement établies et les nouveaux arrivants se rencontrent quotidiennement, généralement dans la cordialité. Contrairement à des secteurs de la ville plus homogènes, le centre-ville a toujours été cosmopolite.

Ce n'est jamais aussi vrai que du côté des cuisines et des restaurants, des espaces d'anonymat que l'anthropologue français Marc Augé appelle des «non-lieux», ces installations nécessaires à la vie rapide de notre civilisation. Dans les restaurants, un peu comme on le ferait à l'école et un peu par osmose, on apprend à distinguer «l'autre» et à le déchiffrer sans parler sa langue puisque l'on goûte à sa cuisine. Depuis 100 ans, nous avons appris des immigrants juifs roumains le goût de la viande de boeuf marinée et fumée. Chez Ben's, par exemple, ou chez Ruben's. Puis ce fut le tour des Italiens, qui ont apporté la pizza napolitaine et les spaghettis à la bolognaise, puis des Hongrois avec leurs gâteaux, des Indiens avec leurs caris, des Portugais, des Marocains et des Italiens de la nouvelle génération.

 

De tous ces apports, le plus récent est certainement celui des Asiatiques qui, jusqu'à récemment, s'étaient trouvés cantonnés au Quartier chinois et à de modestes et parfois honorables troquets. Dynamiques, créatifs et très attachés à leurs traditions riches, les Asiatiques ont chaviré nos habitudes alimentaires, fait éclater notre garde-manger et enrichi notre centre-ville de lieux de rencontres originaux. Et nous ont forcés à repenser le sens premier et eurocentrique de «restaurer».

Les restos asiatiques, chinois de Hong Kong, mais aussi de Taiwan et de plus en plus de Chine continentale avec leurs vastes traditions régionales, coréens, vietnamiens, thaïs, et surtout japonais, se sont appropriés des espaces de rencontres distincts et populaires au coeur du centre-ville, notamment autour des Universités McGill et Concordia. Résultat: de plus en plus de personnes mangent, midi et soir, des plats orientaux, souvent très bien troussés à partir de produits méconnus ou carrément inconnus et authentiques (et à l'occasion médiocres, mais ça on n'en parle pas puisque c'est sans intérêt).

Si les sushis sont devenus des lieux communs (on a même fondé une chaîne franchisée, fondée par des Québécois de souche: quand c'est le cas, on peut dire qu'un plat est «arrivé»!), en revanche, on a découvert les grillades marinées à la coréenne, les sautés de nouilles froides, les soupes vietnamiennes garnies de tripes ou d'estomac braisés, toutes les variantes imaginables de salades piquantes-amères-sucrées de la cuisine thaïlandaise, et les délicieuses petites spécialités inusités de la cuisine taïwanaise que l'on commence de plus en plus à distinguer de la grande cousine chinoise.

Voici un petit répertoire de nos adresses préférées:

CORÉEN

Towa, 1832, rue Sainte-Catherine Ouest 514-303-6045

TAIWANAIS

Tapioca Thé, 1672, boulevard De Maisonneuve Ouest 514-223-4095

JAPONAIS

Bishoku, 1184, rue Bishop 514-876-0056

CHINOIS

Prêt-à-manger, 1809, rue Sainte-Catherine Ouest 514-931-8889

VIETNAMIEN

Palace Viet Thai, 1237, rue Metcalfe 514-393-8668

THAÏ

Cuisine Bangkok, 1616, rue Sainte Catherine Ouest 514-935-2178