Xiaodan He a quitté Pékin pour Montréal en 2002. Plus de 10 ans plus tard, et dans une ville qui regorge de trésors culinaires multiculturels, elle mange encore à 80% chinois. C'est dire à quel point cette cuisine de transmission familiale creuse des racines profondes dans le ventre et dans l'âme de ceux qui l'ont connue en grandissant.

Marquées par une enfance dans une petite ville du Sichuan et une adolescence à Kunming, capitale du Yunnan, les papilles de Xiaodan ont un besoin physiologique de piquant. Son garde-manger n'est jamais sans piments, ni poivre de Sichuan, ni pâte épicée. Elle chérit l'huile de chili (la jiao) que sa grand-mère lui prépare en Chine, comme si c'était le plus précieux des trésors.

Petite, Xiaodan mangeait la cuisine de son grand-père, qui l'a élevée jusqu'à l'âge de 9 ans. Lorsqu'elle a regagné le foyer maternel, ce sont les «recettes» de sa mère qui les ont nourries, sa soeur aînée et elle. «Aujourd'hui, je dirais que ma cuisine ressemble beaucoup à celle de ma maman. C'est une cuisine très simple et qui se prépare rapidement. Ma mère était une femme occupée, qui travaillait fort.»

Xiaodan cuisine toujours sans recette, qu'elle prépare des nouilles Kunming Mi Xiang ou des pâtes à l'italienne. Dans la cuisine de son condo tout neuf du Plateau, il n'y a pas un seul livre de cuisine. Pas... un... seul!

La cinéaste (Terre des femmes), qui travaille presque toujours de chez elle, prend la plupart de ses repas à la maison. «C'est moins cher, meilleur pour la santé et, surtout, moins long!» L'efficacité est primordiale pour cette cuisinière à domicile, qui préfère passer moins de temps aux fourneaux, plus à écrire ses scénarios.

Avec les ingrédients de base à sa disposition (voir onglet Garde-manger chinois), tous très peu coûteux et en vente dans les épiceries asiatiques, on peut réaliser un très grand nombre de recettes en un tournemain. Il ne reste plus qu'à acheter les légumes, les viandes, les poissons et fruits de mer à transformer... le moins possible.

L'alimentation de Xiaodan est composée aux deux tiers de fruits et de légumes. Toutes les semaines, elle se rend dans le quartier chinois pour faire ses courses. Elle préfère les petites épiceries aux grandes surfaces, où elle a du mal à trouver ce qu'elle cherche et où elle finit invariablement par acheter des choses dont elle n'a pas besoin. Économie, frugalité et gestion saine du «frigo» sont des valeurs importantes pour celle qui habite seule.

De temps en temps, avec des amis, Xiaodan va au restaurant pour manger des plats dont elle a la nostalgie et qui sont plus longs à préparer à la maison. Elle ira par exemple chez Kanbai manger le mei cai kou rou, mets composé de flanc de porc et de feuilles de moutarde brune. Elle commandera invariablement le fameux chou sauté et parfois aussi les filets de poisson pochés.

Comme l'histoire de l'immigration nous l'a montré à maintes reprises (et pour notre enrichissement à tous), on peut sortir la fille de la Chine, mais on ne sortira jamais la Chine de la fille!

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RECETTES

Haricots verts sautés

La méthode qu'elle utilise pour rehausser ses haricots verts, Xiaodan l'adapte à presque tous les légumes qu'elle fait sauter: chou, brocoli, verdures chinoises, etc.

INGRÉDIENTS

> Haricots verts pour 3 personnes

> 2 c. à soupe d'huile végétale neutre

> 2 piments séchés au piquant modéré

> 1 gousse d'ail tranchée mince

> 1 c. à soupe de gingembre frais en juliennes

> 1 c. à soupe de fèves noires fermentées

> Une pincée de sel

> Un peu d'eau

PRÉPARATION

1. Faire cuire les haricots dans l'eau bouillante salée pendant 3 ou 4 minutes, pour qu'ils conservent un certain croquant. Égoutter et refroidir à l'eau, pour arrêter la cuisson.

2. Faire chauffer l'huile à feu vif dans une poêle ou un wok. Écraser les piments avec vos doigts et les jeter dans l'huile. Après 1 minute, ajouter le gingembre, l'ail, les fèves noires et les haricots. Faire sauter jusqu'à ce que les haricots soient chauds.

3. En fin de cuisson, ajouter une pincée de sel et quelques giclées d'eau pour que les légumes ne soient pas trop secs. Servir.

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Nouilles Kunming Mi Xiang

Lorsque Xiaodan est invitée chez des amis, on lui demande toujours d'apporter ses fameuses nouilles. Depuis le temps qu'elle les fait, elle y va à l'oeil pour les proportions. Celles que nous vous proposons devraient remplir 2 à 3 estomacs. Accompagnez-les d'un légume sauté.

INGRÉDIENTS

> Un paquet de vermicelles de riz Jiang Xi

> 2 oignons verts

> 2 c. à soupe d'huile de canola

> 1 c. à thé de poivre de Sichuan

> 1 c. à soupe de vinaigre Chinkiang

> 2 c. à soupe de sauce soya légère ou tamari

> 2 c. à soupe ou plus de sauce Laoganma

> 2 à 3 c. à soupe de moutarde brune fermentée (potherb mustard sur l'emballage)

> 1 c. à thé de bouillon de poulet Knorr chinois

> 1 c. à thé de sucre

> 1/2 c. à thé de sel

PRÉPARATION

1. Au fond d'une grande casserole ou d'un wok, faire tremper les vermicelles dans l'eau froide pendant une heure ou deux. Placer sur le feu et amener à ébullition. Faire bouillir jusqu'à ce que les nouilles atteignent une consistance al dente. Égoutter et refroidir à l'eau. Verser dans un grand bol à salade.

2. Émincer l'oignon vert et ajouter aux nouilles.

3. Faire chauffer une petite poêle à feu élevé. Ajouter l'huile et infuser avec le poivre de Sichuan pendant 2-3 minutes, à feu moyen. Tasser le poivre et verser seulement l'huile sur les oignons et les nouilles.

4. Ajouter tous les autres ingrédients et bien mélanger avec des baguettes. Goûter et rectifier l'assaisonnement.